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SUPPLÉMENT AUX ŒUVRES EN PROSE. 615

��9. — A M. FABRY.

A Ferney, 7 octobre 1765.

Monsieur, j"ai reçu une lettre du provincial des capucins de Chambéry, qui m'avertit qu'il y a chez moi un de ses moines, et qu'il pourra le faire saisir. Je me suis informé de mes gens s'il y avait quelque fondement à cette plainte. J'ai su qu'en effet un capucin de Savoie en habit séculier était venu demander chez moi un asile à mes domestiques pendant que vous nous honoriez de votre présence. Il se plaignait d'avoir été cruellement maltraité, el d'avoir été fouette trois fois par semaine pendant seize mois avec une dis- cipline de fer. S'il était repris, il serait renfermé nu dans un cachot, et chargé de chaînes.

Je crois actuellement ce pauvre garçon à Genève. Mais s'il revenait dans ma maison, je serais au désespoir qu'il y fût saisi et livré à ses bourreaux, .le me flatte qu'il n'est pas permis à un provincial des capucins de Savoie d'exercer une telle juridiction dans le royaume de France, et qu'au moins il

urait recours à votre autorité.

J'ose vous demander votre protection, monsieur, pour ce pauvre mi-é- rable qu'on persécute d'une manière si étrange. Les menaces qu'on lui fait alarment ma sensibilité. Je vous aurais beaucoup d'obligation si vous dai- gniez m'informer de vos ordres en cas que cet homme revînt à Ferney, et prévenir la douleur que j'aurais de le voir arrêté chez moi. C'est une grâce que j'ose attendre de votre humanité.

J'ai l'honneur d'être avec beaucoup de respect, monsieur, votre très- humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire , Gentilhomme ordinaire du roi.

10. — A M. FABRY.

20 décembre 1766, à Ferney.

Monsieur, on m'a communiqué ce mémoire. Il me paraît très-utile et convenable à la circonstance où nous sommes. Je souhaite qu'il ait votre approbation et que vous puissiez contribuer à détruire un abus si préjudi- ciable à notre petite province. Je vous réponds que j'achèterai volontiers à Kerney tout le bois qu'on portait à Genève, pourvu qu'il appartienne légiti- mement aux vendeurs. Ainsi personne n'y perdra rien, et le pays ne sera point dévasté.

Je vous souhaite d'avance une bonne année, aussi bien qu'à M' ne Fabry.

Vous savez avec quels sentiments j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très-humble serviteur. V.

M. de Voltaire et M n,e Denis souhaitent la bonne année à M. et à M me Fabry. M. de Voltaire demande si M. Fabry a reçu un paquet qu'il lui envoya ces jours passés.

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