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SUR L'ESPRIT DES LOIS. 435

Cela a été dit, mais cela est-il bien vrai ? S'agissait-il de femmes et de filles dans la guerre de 1741, quand les Français elles Espagnols furent obligés de se retirer? Ce n'était pas assu- rément pour des femmes et pour des filles que François I" fut prisonnier à la bataille de Pavie. Louis XII ne perdit point Naples et le Milanais pour des femmes et pour des filles.

On prétendit, au xiii* siècle, que Charles d'Anjou perdit la Sicile parce qu'un Provençal avait levé la jupe d'une dame, le jour de Pâques, quoique l'assassinat de Conradin et du duc d'Autriche en fût la véritable cause. Et de là on a conclu que la galanterie des Français les a empêchés d'être maîtres de l'Italie. Voilà comme certains préjugés populaires s'établissent.

XLII.

« Si l'on veut lire l'admirable ouvrage de Tacite sur les mœurs des Germains, on verra que c'est d'eux que les Anglais ont tiré l'idée de leur gouvernement politique. Ce beau système a été trouvé dans les bois. » (Page 184, liv. XI, chap. vi. )

Est-il possible qu'en effet la chambre des pairs, celle des com- munes, la cour d'équité, la cour de l'amirauté, viennent de la forêt iXoire ? J'aimerais autant dire que les sermons de Tillotson et de Smalridge furent autrefois composés par les sorcières tu- desques qui jugeaient des succès delà guerre par la manière dont coulait le sang des prisonniers qu'elles immolaient. Les manu- factures de draps d'Angleterre n'ont-elles pas été trouvées aussi dans les bois où les Germains aimaient mieux vivre de rapine que de travailler, comme le dit Tacite ?

Pourquoi n'avoir pas trouvé plutôt la diète de Ratisbonne que le parlement d'Angleterre dans les forêts d'Allemagne ? Ratisbonne doit avoir profité, plutôt que Londres, d'un système trouvé en Germanie.

XLIII.

(c II résulte de la nature du pouvoir despotique que l'homme seul qui l'exerce le fasse de même exercer par un seul. Le prince est naturellement paresseux, ignorant, voluptueux; il abandonne les afl'aires. S'il les confiait à plusieurs, il y aurait des disputes entre eux : on ferait des brigues pour être le premier esclave ; le prince serait obligé de rentrer dans l'administration. Il est donc plus simple qu'il l'abandonne à un vizir, qui aura la même puis- sance que lui. » (Liv. II, chap. v.)

Cette décision se trouve à la page 27 ; mais nous ne nous en

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