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318 LETTRE

ses trois Filles de Minée, que l'abbé d'Olivet a fait imprimer dans un recueil en cinq volumes^; mais vous ne connaissez pas les Amours de Mars et de Vénus, qui ne se trouvent que dans l'édition de 1750 ■-. Les voici :

Vous devez avoir lu ([u'autrefois le dieu Mars, Blessé par Cupidon d'une flèche dorée, Après avoir dompté les plus fermes remparts,

Mit le camp devant Cythérée. Le siège ne fut pas de fort longue durée :

A peine Mars se présenta

Que la belle parlementa.

Dans les formes pourtant il entreprit l'affaire,

Par tous moyens tâcha de plaire, De son ajustement prit d'abord un grand soin.

Considérez-le en ce coin.

Qui quitte sa mine fière. Use fait attacher son plus riche harnois.

Quand ce serait pour des jours de tournois, On ne le verrait pas vêtu d'autre manière. L'éclat de ses habits fait honte à l'œil du jour. Sans cela, fit-on mordre aux géants la poussière, Il est bien malaisé de rien faire en amour.

En peu de temps Mars emporta la dame. Il la gagna peut-être en lui contant sa flamme ; Peut-être conta-t-il ses sièges, ses combats, Parla de contrescarpe et cent autres merveilles

Que les femmes n'entendent pas, Et dont pourtant les mots sont doux à leurs oreilles. Voyez combien Vénus, en ces lieux écartés. Aux yeux de ce guerrier étale de beautés :

Quels longs baisers ! La gloire a bien des charmes; Mais Mars, en la servant, ignore ces douceurs. Son harnois est sur l'herbe : Amour, pour toutes armes, Veut des soupirs et des larmes ; C'est ce qui triomphe des cœurs.

1. L'édition de 1729 des OEuvres diverses de La Fontaine, que quelques per- sonnes attribuent à d'Olivet, n'a que trois volumes. On ignore le nom de l'éditeur; mais ce ne fut pas d'Olivet. Quant à l'édition qui contient les Amours de Mars et de Vénus, elle est de 1758, et non de 1750. (B.) — Voyez, sur l'édition des OEuvres diverses, de 1729, les OEuvres complètes de La Fontaine, éditées par M. Louis Moland, tome VII, p. 478.

2. Ce morceau fut publié pour la première fois dans les Contes et Nouvelles en vers, Paris, Cl. Barbin, 10G5. Voyez ibid., t. VI, p. 288.

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