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lorsqu’il commença à régner… il dressa des autels à Baal… et à toute l’armée du ciel dans les deux parvis du temple d’Adonaï… il fit passer son fils par le feu ; il prédit l’avenir ; il observa les augures, fit des pythons et des aruspices[1]… il s’endormit enfin avec ses peres, et fut enseveli dans le jardin de sa maison… … Josias avoit huit ans lorsqu’il commença à régner ; et il régna trente et un an ; et il fit ce qui est agréable au seigneur… or un jour le grand-prêtre Helkias dit à Saphan secrétaire : j’ai trouvé le livre de la loi dans le temple du seigneur en fesant fondre de l’argent…[2]. Saphan secrétaire dit au roi : le grand-prêtre Helkias m’a donné ce livre. Et il le lut devant le roi… et le roi Josias déchira ses vêtemens… et il dit au grand-prêtre Helkias, et à Saphan secrétaire : allez, consultez Adonaï sur moi et sur le peuple touchant les paroles de ce livre qu’on a trouvé. Et le roi assembla tous les prêtres des villes de Juda ; et il souilla tous les hauts lieux… il souilla ainsi la vallée de Tophet, afin que personne ne sacrifiât plus son fils[3] ou sa fille à Moloc… il ôta aussi les chevaux que les rois de Juda

  1. ou Manassé, roitelet de Juda, n’avait jamais entendu parler du miracle du cadran de son pere, et des autres miracles d’Isaïe ; ou il ne regardait Adonaï que comme un dieu local, un dieu d’une petite nation qui fesait quelquefois des prodiges ; mais qui était inférieur aux autres dieux ; ou Manassé était tout-à-fait fou : car il n’y a qu’un fou qui puisse, après des miracles sans nombre, nier ou mépriser le dieu qui les a faits. Cette inconcevable incrédulité de Manassé fils d’ézéchias peut faire penser, qu’en effet le pentateuque, à peine écrit par ce prêtre hébreu qui vint enseigner les samaritains, n’était pas encore connu ; la religion judaïque n’était pas encore débrouillée ; rien n’était constaté, rien n’était fait : autrement il serait impossible d’imaginer comment le culte changea tant de fois depuis la création jusqu’à Esdras.
  2. nouvelle preuve, ou du moins nouvelle vraisemblance, très-forte, que le prêtre hébreu, venu à Samarie, avait enfin achevé son pentateuque, et que le grand-prêtre juif en avait un exemplaire. Tout ce qui peut nous étonner, c’est que ce prêtre ne le porta pas lui-même au roi, et l’envoya avec très-peu d’empressement et de respect par le secrétaire Saphan. S’il avait cru que ce livre fût écrit par Moyse, il l’aurait porté avec la pompe la plus solemnelle ; on aurait institué une fête pour éterniser la découverte de la loi de Dieu et de l’histoire des premiers siecles du genre humain ; c’eût été une nouvelle occasion de dire, que la lumiere soit, et la lumiere fut ; car le peuple hébreu était plongé dans les plus épaisses ténebres.
  3. ce petit article est curieux. D’abord ce Josias souille les hauts lieux : souiller un lieu réputé sacré, c’était le remplir d’immondices, y répandre des excrémens et de l’urine. La vallée de Tophet était auprès du petit torrent de Cédron ; c’était-là que l’on jettait les corps des suppliciés à la voirie, et qu’on sacrifiait ses enfants. C’est la premiere fois qu’il est parlé dans l’écriture de chevaux consacrés au