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Après cela David battit les philistins et les humilia ; et il affranchit le peuple d’Israël… et il défit aussi les moabites ; et les ayant vaincus, il les fit coucher par terre et mesurer avec des cordes. Une mesure de cordes était pour la mort, et une autre était pour la vie. Et Moab fut asservi au tribut… David défit aussi Adadézer roi de Soba en Syrie. Il lui prit sept cents cavaliers et vingt mille hommes de pied. Il coupa les jarrets à tous les chevaux des chariots, et n’en réserva que pour cent chariots. Les syriens de Damas vinrent au secours d’Adadézer roi de Soba ; et David en tua vingt-deux mille… la Syrie entiere lui paya tribut ; il prit les armes d’or des officiers d’Adadézer, et les porta à Jérusalem…[1].

    choses qui sont de son ministere. Il dit que le dieu des armées est assis sur l’arche et sur des chérubins. Cette arche, quoique divine, ne devait pas tenir une grande place puisqu’elle n’occupait qu’une simple charrette, laquelle devait être fort étroite, puisqu’elle passait par les défilés qui regnent de la montagne de Gabaa à la montagne de Jérusalem. On ne conçoit pas comment des prêtres ne l’accompagnaient pas, et comment on ne prit pas toutes les précautions nécessaires pour l’empêcher de tomber. On comprend encore moins pourquoi la colere de Dieu s’alluma contre le fils aîné de celui qui avait gardé l’arche si longtemps dans sa grange ; ni comment cet Hoza fut puni de mort subite, pour avoir empêché l’arche de tomber. Les incrédules révoquent en doute ce fait, qu’ils prétendent être injurieux à la bonté divine. Il leur paraît que s’il y avait quelqu’un de coupable, c’étaient les lévites qui abandonnaient l’arche, et non pas celui qui la soutenait. Le Lord Bolingbroke conclut, qu’il est évident que tout cela fut écrit par un prêtre, qui ne voulait pas que d’autres que des prêtres pussent jamais toucher à l’arche. On la mit pourtant dans la grange d’un laïque nommé Obed édom ; et encore ce laïque pouvait être un philistin. Ces commencemens grossiers du regne de David prouvent que le peuple juif était encore aussi grossier que pauvre, et qu’il ne possédait pas encore une maison assez supportable pour y déposer l’objet de son culte avec quelque décence. Nous convenons que ces commencemens sont très grossiers. Nous avons remarqué que ceux de tous les peuples ont été les mêmes ; et que Romulus et Thésée ne commencerent pas plus magnifiquement. Ce serait une chose très curieuse de bien voir par quels degrés les juifs parvinrent à former comme les autres peuples, des villes, des citadelles, et à s’enrichir par le commerce et par le courage. Les historiens ont toujours négligé ces ressorts du gouvernement, parce qu’ils ne les ont jamais connus ; ils s’en sont tenus à quelques actions des chefs de la nation, et ont noyé ces actions, toujours ridiculement exagérées, dans des fratras de prodiges incroyables : c’est ce que dit positivement le Lord Bolingbroke. Nous soumettons ces idées à ceux qui sont plus éclairés que lui et que nous.

  1. on est bien étonné que David, après la conquête de Jérusalem, ait payé encore tribut aux philistins, et qu’il ait fallu de nouvelles victoires pour affranchir les juifs de ce tribut. Cela prouve que le peuple hébreu était encore un très petit peuple. La maniere dont David traite les moabites, ressemble à la fable qu’on a débitée sur Busiris, qui fesait mesurer ses captifs à la longueur de son lit. On