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la colline ; il rencontra une troupe de prophetes ; et l’esprit de Dieu tomba sur lui, et il prophétisa au milieu d’eux. Et tous ceux qui l’avaient vu hier et avant-hier, disaient : qu’est-il donc arrivé au fils de Cis ? Saül est-il devenu prophete ?[1]. Après cela Samuel assembla le peuple à Masphat ; et il dit aux enfants d’Israël : voici ce que dit le seigneur Dieu d’Israël : j’ai tiré Israël de l’égypte ;… mais aujourd’hui vous avez rejetté votre dieu qui seul vous avait sauvés ; vous m’avez répondu, non ; vous m’avez dit, donnez-nous un roi. Eh bien, présentez-vous donc devant le seigneur par tribus et par familles… et Samuel ayant jetté le sort sur toutes les tribus et sur toutes les familles, il tomba enfin jusques sur Saül fils de Cis[2]. Samuel prononça ensuite devant le peuple la loi du royaume, qu’il écrivit dans un livre, et la mit en dépôt devant le seigneur…[3]. Environ un mois après, Naas l’ammonite combattit contre Galaad. Et les gens de Jabès en Galaad dirent à Naas : reçois-nous à composition, et nous te servirons. Naas l’ammonite leur répondit : ma composition sera de vous arracher à tous l’œil droit. Les anciens de Jabès lui dirent : accordez-nous sept jours, afin que nous envoyions des messagers dans tout Israël ; et si personne ne vient nous défendre, nous nous rendrons à toi. Or Saül revenant du labourage ayant fait la revue à Bésech, il trouva que son armée était de trois cents mille hommes des enfans d’Israël, et trente mille de Juda. Le lendemain il divisa

  1. l’huile de Saül eut quelque chose de divin, puisqu’elle le rendit prophete tout d’un coup ; ce qui était bien au-dessus de la dignité de roi.
  2. les critiques trouvent mauvais que Samuel oigne Saül roi, et le fasse christ avant d’avoir assemblé le peuple et d’avoir obtenu son suffrage : s’il suffisait d’une bouteille d’huile pour régner, il n’y a personne qui ne pût se faire oindre roi par le vicaire de son village. Cette objection est forte en certains pays ; mais Samuel, qui était le voyant, savait bien que quand le peuple tirerait un roi au sort, le sort tomberait sur Saül, et qu’alors le peuple reconnaîtrait son légitime souverain déjà oint.
  3. ils soutiennent encore, que de jouer un roi aux dès (comme dit Boulanger) est une chose ridicule : que le sort peut très aisément tomber sur un homme incapable ; qu’on n’a jamais tiré ainsi un monarque qu’au gâteau des rois ; que chez les grecs et chez les romains on tirait aux dès un roi du festin ; mais que dans une affaire sérieuse on devait procéder sérieusement. La réponse, déjà faite à cette critique, est que Dieu conduisait le sort, et qu’il disposait non seulement du tirage, mais aussi de la volonté du peuple. Pour la loi du royaume, que Samuel prononça, on dispute si c’est le lévitique ou le deutéronome. Quelques commentateurs pensent que ce fut une loi faite par Samuel.