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devant lui, et le consulterent, disant : devons-nous combattre encore ? Et le seigneur leur répondit : allez combattre. Ils allerent donc combattre, et les benjamites leur tuerent encore dix-huit mille hommes.[1]... et l’arche du seigneur était en ce lieu... enfin le seigneur tailla en pieces aux yeux des enfans d’Israël vingt-cinq mille et cent benjamites ou grands guerriers... puis les benjamites, étant entourés de leurs ennemis, perdirent dix-huit mille hommes en cet endroit, tous gens de guerre et très-robustes... ceux qui étaient restés prirent la fuite ; mais on en tua encore cinq mille. Et ayant passé plus loin on en tua encore deux mille,[2]... les enfans d’Israël étant retournés du combat tuerent tout ce qui restait dans Gabaa, depuis les hommes jusqu’aux bêtes. Et une flamme dévorante détruisit toutes les villes et les villages de Benjamin... or les enfans d’Israël avaient juré à Maspha, disant : nul de nous ne donnera ses filles en mariage aux fils de Benjamin. Ils vinrent donc tous en la maison de Dieu à Silo, et ils commencerent à braire et à pleurer, disant : pourquoi un si grand mal est-il arrivé ? Faudra-t-il qu’une de nos tribus périsse ? ... où nos freres de Benjamin prendront-ils des femmes ?[3] car nous avons juré tous ensemble que nous ne leur donnerions point nos filles ! ... ils dirent alors : il n’y a qu’à voir qui sont ceux de toutes les tribus qui ne se sont point trouvés au rendez-vous de l’armée à Maspha. Et il se trouva que ceux de Jabés ne s’y étaient point trouvés. Ils envoyerent donc dix mille hommes

  1. on est étonné bien davantage, qu’après avoir marché une seconde fois par l’ordre exprès de Dieu, les israélites soient battus une seconde fois, et qu’ils perdent dix-huit mille hommes. Mais aussi, ils sont ensuite entiérement vainqueurs. Tout ce qui peut faire un peu de peine, c’est le nombre effroyable d’israélites égorgés par leurs freres, depuis l’adoration du veau d’or jusqu’à ces guerres intestines.
  2. il semble que les benjamites, qui n’étaient que vingt-cinq mille en armes, en aient pourtant perdu cinquante mille. Mais on peut aisément entendre que le texte parle d’abord en général de vingt-cinq mille hommes tués, et dit ensuite en détail comment ils ont été tués.
  3. ceux qui nient la possibilité de tous ces événements, doivent pourtant convenir que le caractere des juifs est bien marqué dans cette douleur qu’ils ressentent au milieu de leurs victoires, de voir qu’une de leurs tribus court risque d’être anéantie. Ce qui auroit détruit les prophéties et les prédictions de l’empire des douze tribus sur la terre entiere. La destruction de la ville de Gabaa, de tous les hommes et de toutes les bêtes, selon leur coutume, ne les effarouche pas ; mais la perte d’une de leurs tribus les attendrit. Rien n’est plus naturel dans une nation qui espérait que ses douze tribus asserviraient un jour toute la terre.