Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/602

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ensemble

Tombez, descendez dans nos fers ;
Précipitez-vous aux enfers.


Il se fait un grand silence ; un nuage brillant descend ; le Destin paraît au milieu des nuages.


LE DESTIN[1].

Arrêtez ; le Destin, qui vous commande à tous,
Veut suspendre vos coups.


Il se fait un grand silence


PROMETHEE

Etre inaltérable,
Souverain des temps,
Dicte à nos tyrans
Ton ordre irrévocable.

CHOEUR.

O destin, parle, explique-toi :
Les dieux fléchiront sous ta loi.

LE DESTIN.

au milieu des dieux, qui se rassemblent autour de lui.

Cessez, cessez, guerre funeste ;
Ce jour forme un autre univers.
Souverains du séjour céleste,
Rendez Pandore à ses déserts.
Dieux, comblez cet objet de tous vos dons divers.
Titans, qui jusqu'au ciel avez porté la guerre,
Malheureux, soyez terrassés ;
A jamais gémissez
Sous ces monts renversés,
Qui vont retomber sur la terre.


Les rochers se détachent et retombent. Le char des dieux descend sur la terre. On remet Pandore à Prométhée.


JUPITER.

O Destin ! le maître des dieux
Est l'esclave de ta puissance.
Eh bien ! sois obéi ; mais que ce jour commence
Le divorce éternel de la terre et des cieux.
Némésis, sort des sombres lieux.


Némésis sort du fond du théâtre, et Jupiter continue

  1. « Je ne haïrais pas, écrit Voltaire à d'Argental, que le Destin lui-même parût au milieu du combat et réglât les deux partis. Il n'y aura pas grand mal quand Jupiter aura un eou tort; il est accoutumé, sur la scène de l'Opéra, à ne pas jouer le beau rôle; et, sur la scène de ce monde, quels reproches ne lui fait-on pas? Dans ce monde chacun l'accuse, et sur le théâtre il reçoit des soufflets. »