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PANDORE.

Mes yeux sont offensés du jour qui m'environne :
Rien ne me plait, et tout m'étonne.
Mes déserts avaient plus d'appas.
Disparaissez, ô splendeur infinie !
Mon amant ne vous voit pas.

On entend une symphonie

Cessez, inutile harmonie !
Il ne vous entend pas.

Le choeur recommence. Jupiter sort d'un nuage


JUPITER.

Nouveau charme de la nature,
Digne d'être éternel,
Vous tenez de la terre un corps faible et mortel,
Et vous devez cette âme inaltérable et pure
Au feu sacré du ciel.
C'est pour les dieux que vous venez de naître ;
Commencez à jouir de la divinité :
Goûtez auprès de votre maître
L'heureuse immortalité.

PANDORE.

Le néant d'où je sors à peine
Est cent fois préférable à ce présent cruel :
Votre immortalité, sans l'objet qui m'enchaîne,
N'est rien qu'un supplice immortel.

JUPITER.

Quoi ! méconnaissez-vous le maître du tonnerre ?
Dans les palais des dieux regrettez-vous la terre ?

PANDORE.

La terre est mon vrai séjour ;
C'est là que j'ai senti l'amour.

JUPITER.

Non, vous n'en connaissez qu'une image infidèle,
Dans un mode indigne de lui.
Que l'amour tout entier, que sa flamme éternelle,
Dont vous sentiez une étincelle,
De tous ses traits de feu nous embrasse aujourd'hui.

PANDORE.

Je les ai tous sentis, du moins j'ose le croire ;
Ils ont égalé mes tourments.
Ah ! vous avez pour vous la grandeur et la gloire ;
Laissez les plaisirs aux amants.