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Ciel ! est-ce moi que j'envisage ?
Le cristal de cette onde est le miroir des cieux ;
La nature s'y peint ; plus j'y vois mon image,
Plus je dois rendre grâce aux dieux.

NYMPHES et TITANS.

Pandore, fille de l'Amour,
Charmes naissants, beauté nouvelle,
Inspirez à jamais, sentez à votre tour
Cette flamme immortelle
Dont vous tenez le jour.

On danse


PANDORE, apercevant Prométhée au milieu des Nymphes

Quel objet attire mes yeux !
De tout ce que je vois en ces aimables lieux,
C'est vous, c'est vous, sans doute, à qui je dois la vie.
Du feu de vos regards, mon âme est remplie !
Vous semblez encore m'animer.

PROMETHEE

Vos beaux yeux ont su m'enflammer
Lorsqu'ils ne s'ouvraient pas encore :
Vous ne pouviez répondre, et j'osais vous aimer.
Vous parlez, et je vous adore.

PANDORE

Vous m'aimez ! cher auteur de mes jours commencés,
Vous m'aimez ! et je vous dois l'être!
La terre m'enchantait ; et vous l'embellissez!
Mon coeur vole vers vous, il se rend à son maître ;
Et je ne puis connaître
Si ma bouche en dit trop, ou n'en dit pas assez[1]

PROMETHEE

Vous n'en sauriez trop dire, et la simple nature
Parle sans feinte et sans détour.
Que toujours la race future
Prononce ainsi le nom d'Amour !


Ensemble

Charmant Amour, éternelle puissance,
Premier dieu de mon coeur,

  1. Ces deux couplets sont dans la manière de Quinault, et la scène entière rappelle la fameuse entrevue de l'Amour et de Psyché dans la Psyché de Corneille. (G. A.).