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Est le premier effet de notre décadence.

LE LAQUAIS, qui, un entrant, a entendu les dernières paroles d’Ariston.

Bon, bon, moralisez ; voici près de ce mur
Des coquins, vieux ou non, dont le cœur est plus dur.


Scène IV.



ARISTON, CLITANDRE, UN EXEMPT, Gardes, LE LAQUAIS.


l’EXEMPT.

Avec bien du regret, monsieur, je vous arrête.

ARISTON.

Monsieur, à cet assaut ma constance était prête.
Allons.

CLITANDRE, embrassant Ariston.

Ah, mon ami !

ARISTON.

Je pars, et j’obéis.

(A l’exempt.)

Mais seulement, monsieur, me serait-il permis.
Sans déroger en rien à vos ordres sévères,
D’aller, pour un moment, mettre ordre à mes affaires.
Escorté de vos gens, avec vous, sous vos yeux ?

l’EXEMPT.

Non, monsieur ; mon ordre est précis et rigoureux.

ARISTON.

Si la pitié pouvait toucher un peu votre âme !
Je voudrais embrasser mes enfants et ma femme.

l’EXEMPT.

Non, monsieur.

ARISTON.

J’ai mon père au bord de son tombeau.
Hélas ! je suis trop sûr que ce malheur nouveau
Suffit pour l’accabler, va lui coûter la vie.

l’EXEMPT.

Il faut marcher.

CLITANDRE, à l’exempt.


Au moins souffrez donc, je vous prie,
Que j’aille de ce pas instruire et consoler
Ses parents malheureux, si je puis leur parler ;