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ZOÏLIN.

Tu serais plein de zèle,
Aussi tendre qu’heureux, aussi vif que fidèle.

NICODON.

Ah ! je deviendrais fou de ma félicité.

ZOÏLIN.

Eh bien, tu l’aimes donc ? c’est sans difficulté ?

NICODON.

Eh mais…

ZOÏLIN.

T'ayant prouvé ton amour sans réplique.
Tu conçois tout d’un coup, sans trop de rhétorique,
Que de cet Ariston tu dois être jaloux,
Que tu l’es, qu’il le faut.

NICODON.

Ariston, dites-vous,
En serait amoureux ? Ariston sait lui plaire ?

ZOÏLIN.

Sans doute ; ils sont amants : c’est une vieille affaire.

NICODON.

Voyez donc ! je croyais qu’ils n’étaient rien qu’amis.

ZOÏLIN.

Dans quelle sotte erreur ta jeunesse t’a mis !
Apprends, pauvre écolier, à connaître les hommes.
Il n’est point d’amitié dans le siècle où nous sommes ;
Et pour peu qu’une femme ait quelques agréments,
Ses amis prétendus sont de secrets amants.

NICODON.

Eh bien, je pourrais donc à mon tour aussi l’être ?

ZOÏLIN.

Sans doute, et sur les rangs je te ferai paraître.

NICODON.

Moi ?

ZOÏLIN.

Toi-même, et pour toi je lui crois quelque amour.

NICODON.

Quoi ?

ZOÏLIN.

Mais chez Ariston lorsque tu fais ta cour.
As-tu dans ses papiers, ouverts par négligence.
Ramassé par hasard quelques lettres d’Hortense ?