ACTE V, SCÈNE III. 509
Les violons sont déjà renvoyés, Tout interdits, sans boire, et point payés ; Pour le festin six tables bien dressées^ Dans ce tumulte ont été renversées. Le peuple accourt, le laquais boit et rit, Et Rondon jure, et Fierenfat écrit.
LISE.
Et d’Euphémon le père respectable.
Que fait-il donc dans ce trouble effroyable ?
MARTHE.
Madame, on voit sur son front éperdu Cette douleur qui sied à la vertu ; Il lève au ciel les yeux ; il ne peut croire Que vous ayez d’une tache si noire Souillé l’honneur de vos jours innocents ; Par des raisons il combat vos parents : Enfin, surpris des preuves qu’on lui donne. Il en gémit, et dit que sur personne Il ne faudra s’assurer désormais, Si cette tache a flétri vos attraits.
LISE.
Que ce vieillard m’inspire de tendresse !
MARTHE.
Voici Rondon, vieillard d’une autre espèce. Fuyons, madame.
LISE.
Ah ! gardons-nous-en bien ; Mon cœur est pur : il ne doit craindre rien.
JASMIN.
Moi, je crains donc.
SCÈNE III.
LISE, MARTHE, RONDON.
RONDON.
Matoise ! mijaurée ! Fille pressée, âme dénaturée !
\. Dans la Femme qui a raison, acte II, scène i’*, Voltaire a dit :
Quoi ! deux tables encore impudemment dressées ! Des débris d’un festin, des chaises renversées… (B.)