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ACTE DEUXIÈME.

SCENE I.

LISE, MARTHE.

MARTHE.

Vous frémissez en voyant de plus près Tout ce fracas, ces noces, ces apprêts.

LISE,

Ail ! plus mon cœur s’étudie et s’essaie, Plus de ce joug la pesanteur m’eflVaie :

CA mon avis, l’hymen et ses liens Sont les plus grands ou des maux ou des biens. Point de milieu ; l’état du mariage Est des humains le i)lus cher avantage Quand le rapport des esprits et des cœurs, Des sentiments, des goûts, et des humeurs. Serre ces nœuds tissus par la nature. Que l’amour forme et que l’honneur épure. Dieux ! quel plaisir d’aimer publiquement, Et de porter le nom de son amant ! Votre maison, vos gens, votre livrée. Tout vous retrace une image adorée ; Et vos enfants, ces gages précieux. Nés de l’amour, en sont de nouveaux nœuds. Un tel hymen, une union si chère. Si l’on en voit, c’est le ciel sur la terre. Mais tristement vendre par un contrat Sa lii)erté, son nom, et son état. Aux volontés d’un maître despotique. Dont on devient le premier domestique ; Se quereller ou s’éviter le jour ; Sans joie à table, et la nuit sans amour ;