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454 L’ENFANT PRODIGUK.

SCÈNE TH.

LISE, MARTHE.

MARTHE.

! \l()ii Dieu, (|iril joint à tons ses airs grotesques- Des sentiments el des travers ljurles({iies !

LISE.

Je snis sa fille ; et de pins son linmenr N’altère point la bonté de son co’iir ; Et sons les plis d’un front atrabilaire, Sous cet air brusque il a l’âme d’un père : Quelquefois même, au milieu de ses cris, Tout en grondant, il cède à mes avis. Il est bien vrai qu’en blâmant la personne Et les défauts du mari qu’il me donne, En me montrant d’une telle union Tous les dangers, il a grande raison ; Mais lorsqu’ensuite il ordonne que j’aime, Dieu ! que je sens que son tort est extrême !

MAP.TIIE.

Comment aimer un monsieur Fierenfat ? J’épouserais plutôt un vieux soldat Qni jure, boit, bat sa femme, et qui l’aime. Qu’un fat en robe, enivré de lui-même, Qui, d’un ton grave et d’un air de pédant, Semble juger sa femme en lui parlant ;

Qui comme un paon dans lui-même se mire,-

Sous son rabat se rengorge et s’admire,

Et, plus avare encor que suffisant,

Vous fait l’amour en comptant son argent.

LISE.

Ah ! ton pinceau l’a peint d’après nature. Mais qu’y ferai-je ? il faut bien que j’endure L’état forcé de cet hymen prochain. On ne îiùl pas comme on veut son destin ; Et mes parents, ma fortune, mon âge, Tout de l’hymen me prescrit l’esclavage. Ce Fierenfat est, malgré mes dégoûts. Le seul qui puisse être ici mon époux ;