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Alzire.

J’ai promis, il suffit, que t’importe à quel dieu !

Zamore.

Ta promesse est ton crime, elle est ma perte, adieu.
Périssent tes serments, et le dieu que j’abhorre !

Alzire.

Arrête. Quels adieux ! Arrête, cher Zamore !

Zamore.

Gusman est ton époux !

Alzire.

Plains moi sans m’outrager.

Zamore.

Songe à nos premiers nœuds.

Alzire.

Je songe à ton danger.
Non, tu trahis, cruelle, un feu si légitime.

Alzire.

Non, je t’aime à jamais, et c’est un nouveau crime.
Laisse-moi mourir seule, ôte-toi de ces lieux.
Quel désespoir horrible étincelle en tes yeux ?
Zamore…

Zamore.

C’en est fait.

Alzire.

Où vas-tu ?

Zamore.

Mon courage,
De cette liberté, va faire un digne usage.

Alzire.

Tu n’en saurais douter, je péris si tu meurs.

Zamore.

Peux-tu mêler l’amour à ces moments d’horreurs ?
Laisse-moi, l’heure fuit, le jour vient, le temps
Presse.
Soldat, guide mes pas.



Scène 5



Alzire, Émire.



Alzire.

Je succombe, il me laisse :
Il part, que va-t-il faire ? ô moment plein d’effroi !
Gusman