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Scène 4



Alzire, Zamore, Émire.



Zamore.

M’est-elle enfin rendue ? Est-ce elle que je vois ?

Alzire.

Ciel ! Tels étaient ses traits, sa démarche, sa voix.

(elle tombe entre les mains de sa confidente,)

Zamore… je succombe ; à peine je respire.

Zamore.

Reconnais ton amant.

Alzire.

Zamore aux pieds d’Alzire !
Est-ce une illusion ?

Zamore.

Non, je revis pour toi.
Je réclame à tes pieds tes serments et ta foi.
Ô moitié de moi-même ! Idole de mon âme !
Toi, qu’un amour si tendre assurait à ma flamme,
Qu’as-tu fait des saints nœuds qui nous ont enchaînés ?

Alzire.

Ô jours ! ô doux moments d’horreur empoisonnés !
Cher et fatal objet de douleur et de joie,
Ah ! Zamore, en quel temps faut-il que je te voie ?
Chaque mot dans mon cœur enfonce le poignard.

Zamore.

Tu gémis et me vois !

Alzire.

Je t’ai revu trop tard.

Zamore.

Le bruit de mon trépas a du remplir le monde.
J’ai traîné loin de toi ma course vagabonde,
Depuis que ces brigands, t’arrachant à mes bras,
M’enlevèrent mes dieux, mon trône et tes appas.
Sais-tu que ce Gusman, ce destructeur sauvage,
Par des tourments sans nombre éprouva mon courage ?
Sais-tu que ton amant, à ton lit destiné,
Chère Alzire, aux bourreaux se vit abandonné ?