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Scène 2



Alvarès, Zamore, américains.



Alvarès.

Soyez libres, vivez.

Zamore.

Ciel ! Que viens-je d’entendre !
Quelle est cette vertu que je ne puis comprendre !
Quel vieillard ou quel dieu vient ici m’étonner !
Tu parois espagnol et tu sais pardonner !
Es-tu roi ? Cette ville est-elle en ta puissance ?

Alvarès.

Non ; mais je puis au moins protéger l’innocence.

Zamore.

Quel est donc ton dessein vieillard trop généreux !

Alvarès.

Celui de secourir les mortels malheureux.

Zamore.

Eh ! Qui peut t’inspirer cette auguste clémence !

Alvarès.

Dieu, ma religion et la reconnaissance.

Zamore.

Dieu, ta religion ! Quoi ces tyrans cruels,
Monstres désaltères dans le sang des mortels,
Qui dépeuplent la terre et dont la barbarie
En vaste solitude a changé ma patrie,
Dont l’infâme avarice est la suprême loi,
Mon père ! Ils n’ont donc pas le même dieu que toi ?

Alvarès.

Ils ont le même dieu, mon fils, mais ils l’outragent ;
Nés sous la loi des saints, dans le crime ils s’engagent.
Ils ont tous abusé de leur nouveau pouvoir,
Tu connais leurs forfaits, mais connais mon devoir.
Le soleil par deux fois a, d’un tropique à l’autre,