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364 VAI5IANTES DE LA MORT DE CÉSAR.

Voih\ comme un dospoto, enrichi de pillage,

Peut même, aprùs sa mort, nous vendre Tcsclavage.

Cesse, ami d’un tyran, tes discours superflus.

Rome est lii)rc aujourd’hui ; tout Romain est Brutus.

Vil, nous te pénétrons ; ce n’est pas la vengeance,

C’est en toi le désir de ha toute-puissance.

Lâche, qui pour César as pu t’intcresser.

Tu ne pleures sa mort que pour le remplacer.

Mais de TKtat en vain tu veux saisir les rênes.

Et de tes faihlcs mains nous imposer des cliaînes :

Licteurs, qu’on le saisisse au nom du souverain !

ANTOINE.

Est-ce un roi (jui vous dii : Arrêtez un Romain ?

c A s s 1 u s. Roi ! qui ? moi ?… Cassius’… Antoine, vois ce glaive, Qui pour frapper encor malgré moi se soulève. Le vois-tu tout couvert du sang qu’il a versé ? Eh bien ! si je pouvais me croire menacé De voir un jour mon front souillé du diadème, Tu le verrais, ce fer, tourne contre moi-même. Heureux si, par ce trait, Cassius expirant Montrait toute l’horreur qu’il a pour un tyran !

AXTOINE.

Ciel ! j’aperçois du sang sur ce glaive homicide !

CIMBER.

Que la main de Brutus, saintement parricide, Porte à tous les tyrans et la mort et l’effroi !

ANTOINE.

Fuyons ces assassins, Romains, et suivez-moi.

I)OLABEI-LA.

Sur ta tombe. César, que le dernier périsse !

(Les Romains passent tous du côté de Cassius, et les licteurs se saisissent d’Antoine et do Dolabella )

ANTOINE, au désespoir, et d’une voix étoufTéo. La liberté triomphe !

CASSIUS.

Et voilà ton supplice !

SCENE IX.

CASSIUS, CIMBER, DÉCIME, et les autres conjurés,

à l’cxcoption do Brutus, ROMAINS.

ROMAINS.

’Aux vengeurs de l’État nos cœurs sont assures.

CASSIUS.

  • Souvenez-vous toujours de ces serments sacres.

Mais avant tout, Romains, songez à la patrie ;

Estimez vos vengeurs, mais point d’idolâtrie.

  • Vous rentrez dans vos droits indignement perdus.

César vous les ravit, ils vous sont tous rendus.

Qu’à les défendre, amis, chacun de vous s’apprête,

11 faut la conserver, cette grande conquête.