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ACTE II, SCÈNE V. 339

Quiconque ainsi quo lui prétondra gouverner : Fussent nos propres fils, nos IVères ou nos pères ; S’ils sont tyrans, Brutus, ils sont nos adversaires. Un vrai républicain n"a pour père et [)our fils Que la vertu, les dieux, les lois, et son pays.

BRUTUS.

Oui, j’unis pour jamais mon sang avec le vôtre. Tous dès ce moment même adoptés l’un par l’autre, Le salut de l’État nous a rendus parents. Scellons notre union du sang de nos tyrans.

( Il s’avance vers la statue de Pompée.)

Nous le jurons par vous, héros, dont les images A ce pressant devoir excitent nos courages ; Nous promettons, Pompée, à tes sacrés genoux, De faire tout pour Rome, et jamais rien pour nous ; D’être unis pour l’État, qui dans nous se rassemble ; De vivre, de combattre, et de mourir ensemble*. Allons, préparons-nous : c’est trop nous arrêter.

SCENE V.

CÉSAR, BRUTUS.

CÉSAR.

Demeure, c’est ici que tu dois m’écouter. Où vas-tu, malheureux ?

BRUTUS,

Loin de la tyrannie.

CÉSAR.

Licteurs, qu’on le retienne.

BRUTUS.

Achève, et prends ma vie ’

CÉSAR.

Brutus, si ma colère en voulait à tes jours. Je n’aurais qu’à parler, j’aurais fini leur cours.

1. Comparez ce serment avec celui qui se trouve dans Brutus, acte Icr, se. ii.

2, Cet liémisticlie est dans le Cid, acte I", scène iv, des éditions de Corneille données par Voltaire, (B.)