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Scène III.

LE COMTE, escorté des gens du baron ; les précédents.
TRIGAUDIN.

Ah ! c’est lui-même, je suis confondu.

LE CHEVALIER.

Je n’ai jamais été si embarrassé.

LE COMTE.

J’aurai furieusement besoin d’aller chez le baigneur en sortant de ce maudit château, Qu’est-ce que je vois ! mon Dieu ! c’est monsieur Trigaudin !

LE BARON, à Trigaudin.

D’où peut-il savoir votre nom ?

TRIGAUDIN.

Ces gens-là connaissent tout le monde.

LE COMTE.

Monsieur Trigaudin, tout ceci est un peu singulier : foi de seigneur, vous êtes un fripon.

TRIGAUDIN, au baron.

Je vous avais bien dit qu’il connaît tout le monde ; je me souviens en effet de l’avoir vu quelque part,

LE COMTE, apercevant le chevalier.

Ah ! Chonchon, est-ce vous qui me jouez ce tour-là ?

GOTTON, au chevalier.

Monsieur le comte, avec quelle insolence il vous parle !

LE CHEVALIER, au baron.

Je vous l’ai déjà dit, je ne veux pas me compromettre avec cet homme-là ; il me fait rougir,

LE COMTE.

Monsieur le baron, je commence à croire que tout ceci n’est qu’un malentendu qu’il m’est aisé d’éclaircir ; laissez-moi parler seulement deux minutes tête à tête à ce jeune et honnête gentilhomme.

LE BARON.

Ah ! il commence enfin à avouer ; la peur de la justice le presse. Rentrons. (Au chevalier.) Écoutez sa déposition ; je l’abandonne à votre miséricorde.

(Les gens du baron se retirent, et le chevalier reste seul avec le comte, toujours garrotté.)