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iOi LE DUC DE FOIX.

TAISE.

(hioi ! le prince à cv point \ous serait odieux ?

  • Oiioi ! dans ces Iristes lenips de ligues et de liaines,
  • Qiii confondent des droits les bornes incertaines,
  • Où le meilleur parti seml)le encor si douteux,
  • Où les enfants des rois sont divisés entre eux ;

Mous (|u’un astre plus donx semblait avoir formée

Pour runicjue douceur d’aimer et d’être aimée,

lN)uvez-vous n’opposer qu’un sentiment d’horreur

Aux soupirs d’un héros qui fut votre vengeur ?

Vous savez que ce prince au rang de ses ancêtres

Compte les premiers rois que la France eut pour maîtres,

J)"un puissant apanage il est né souverain ;

11 vous aime, il vous sert, il vous offre sa main.

Ce rang à qui tout cède et pour qui tout s’oublie,

Brigué par tant d’appas, ol)jet de tant d’envie,

  • Ce rang qui touche au troue et qu’on met k vos pieds,
  • Peut-il causer les pleurs dont vos yeux sont noyés ?

AMÉLIE.

Quoi ! pour m’avoir sauvée, il faudra qu’il m’opprime !

De son fatal secours je serai la victime ! le lui dois tout sans doute, et c’est pour mon malheur.

TAÏSE.

C’est être trop injuste.

AMÉLIE.

Eh bien ! connais mon cœur, Mon devoir, mes douleurs, le destin qui me lie ; Je mets entre tes mains le secret de ma vie : De ta foi désormais c’est trop me défier. Et je me livre à toi pour me justifier. Vois combien mon devoir à ses vœux est contraire ; Mon cœur n’est point à moi, ce CŒ’ur est à son frère.

TAÏSE.

Quoi ! ce vaillant Vamir ?

AMÉLIE.

Nos serments mutuels Devançaient les serments réservés aux autels. J’attendais, dans Leucate en secret retirée, Qn’il y vînt dégager la foi qu’il m’a jurée, Quand les Maures cruels, inondant nos déserts. Sous mes toits embrasés me chargèrent de fers. Le duc est l’allié de ce peuple indomptable ;