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188 LE DUC D’ALENÇON.

LE DUC.

Je nattciids pas de vous cette prompte justice.

Je suis bien malheureux, bien digne de pitié,

Tralii dans mon amour, trahi dans l’amitié.

Ah ! trop heureux dauphin, c’est ton sort que j’envie :

Ton amitié, du moins, n’a point été trahie.

Et Tangui du CliAtel, quand tu fus offensé.

T’a servi sans scrupule, et n"a pas balancé.

COUCY.

Il a payé bien cher cet affreux sacrifice.

LE DUC.

Le mien coûtera plus, mais je veux ce service. Oui, je le veux : ma mort à l’instant le suivra ; Mais, du moins, mon rival avant moi périra. Allez, je puis encor, dans le sort qui me presse. Trouver de vrais amis qui tiendront leur promesse. D’autres me serviront, et n’allégueront pas Cette triste vertu, l’excuse des ingrats.

COUCY, apriis un long silence.

\on, j’ai pris mon parti ; soit crime, soit justice, \ ous ne vous plaindrez pas qu’un ami vous trahisse, .le me rends, non à vous, non à votre fureur, Mais à d’autres raisons qui parlent à mon cœur : Je vois qu’il est des temps pour les partis extrêmes ; Que les plus saints devoirs peuvent se taire eux-mêmes. Je ne souffrirai pas que d’un autre que moi. Dans de pareils moments, vous éprouviez la foi ; Et vous reconnaîtrez, au succès de mon zèle. Si Coucv vous aimait, et s’il vous fut fidèle.

SCENE IV.

LE DUC D’ALENÇON, gardes.

LE DUC.

Non, sa froide amitié ne me servira pas ;

Non ; je n’ai point d’amis : tous les cœurs sont ingrats.

l’A un soldat. )

Écoutez : vers la tour allez en diligence…

( Il lui parle bas. )

Vous nVciitciidcz ; volez, et servez ma vengeance.

( Le soldat sort.)