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VARIANTES D’ADÉLAÏDE DU GUESCLIN.

SCÈNE Vil

VENDOME, ADÉLAÏDE.

ADÉLAÏDE.

Cruol ! pardonnez h l’ciTroi Qui me ramène à vous, qui j)arle malgré moi. Je n’en suis pas maîtresse : cplorée et confuse, Ce n’est pas que d’un crime, liélas ! je vous accuse. Non, vous ne serez point, seigneur, assez cruel Pour tremper votre main dans le sang fraternel. Je le crains cependant : vous voyez mes alarmes : Ayez pitié d’un frère, et regardez mes larmes. Vous baissez devant moi ce visage interdit ! Ah ciel ! sur votre front son trépas est écrit ! Auriez-vous résolu ce meurtre abominable ?

VENDÔME.

Oui, tout est préparé pour la mort du coupable.

ADÉLAÏDE.

Quoi ! sa mort !

VENDÔME.

Vous pouvez disposer de ses jours : Sauvez-le, sauvez-moi…

ADÉLAÏDE.

Je sauverais Nemours ! Ah ! parlez, j’obéis : parlez, que faut-il faire ?

VENDÔME.

Je ne puis vous liaïr, et, malgré ma colère. Je sens que vous régnez dans ce cœur ulcéré, Par vous toujours vaincu, toujours désespéré. Je brûle encor pour vous, cruelle que vous êtes. Écoutez : mes fureurs vont être satisfaites, Et votre ordre à l’instant suspend le coup mortel. ’ Voilà ma main : venez, sa grâce est à l’autel.

ADÉLAÏDE.

Moi, seigneur !

VENDÔME.

11 mourra.

ADÉLAÏDE.

Moi, que je le trahisse !

’Arrêtez…

Répondez.

VENDOME. ADÉLAÏDE.

Je ne puis.

VENDÔME.

Qu’il périsse !

ADELAÏDE.

Arrêtez…. Je consens.

Achevez.

VENDOME.

Un mot fait nos destins ;