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VARIANTES D’ADÉLAÏDE DU GUESCLIN. 147

Rappclcz-Ia, mon frère, apaisez son courroux ; Je prétends lui parler, soyez juge entre nous. Mes discours imprudents l’ont sans doute offcnsce ; FIcchissez-la pour moi.

NEMouns. Quelle est votre pensée ? Parlez, que voulez-vous ?

V K N I » Ô M E.

Qui, moi ! ce que je veux ! Je veux… je dois briser ce joug impérieux. Je prétends qu’elle parte, et qu’une fuite prompte Emporte mon amour et m’arrache à ma honte. Qu’elle étale à la cour ses charmes dangereux, Qu’elle me laisse.

N E M u n s. VA\ bien ! votre cœur généreux Écoute son devoir, et cède h la justice : Je lui vais annoncer ce juste sacrifice. Sans doute (jue son cœur, sensible à vos bontés, Se souviendra toujours…

V E IV D ô M E.

Non, Nemours, arrêtez. Je n’y puis consentir ; Nemours, qu’elle demeure. Je sens qu’en la perdant il faudrait que je meure. Eh quoi ! vous rougissez des contrariétés Dont le flux orageux trouble mes volontés ! Vous en ctonnez-vous ? Je perds tout ce que j’aime. Je me hais, je me crains, je me combats moi-même. Mon frère, si l’amour a jamais eu vos soins. Si vous avez aimé, vous m’excusez du moins,

NEMOURS.

Mon frère, de l’amour j’ai trop senti les charmes : J’éprouvai, comme vous, ses cruelles alarmes : J’ai combattu longtemps, j’ai cédé sous ses coups. Et je me crois peut-être à plaindre autant que vous.

VENDÔME.

Vous, mon frère ?

NEMOURS.

Après tout, puisqu’il est impossible Que jamais à vos feux son cœur soit accessible, Écoutez votre gloire et vos premiers desseins. Raffermissez un trône ébranlé par vos mains ; Empêchez que l’Anglais n’opprime et ne partage De nos rois, nos aïeux, le sanglant héritage ; Et que, par les Bourbons tout l’État soutenu…

V E N D ô M E.

Adélaïde, hélas ! aurait tout obtenu.

Je cédais à l’ingrate une entière victoire.

Mon frùre, vous m’aimez, du moins j’aime à le croire :

Vous avez, il est vrai, combattu contre moi ;

Telle était, dites-vous, la volonté du roi.

Telle était sa fureur, et vous l’avez servie ;

Je vous Tai pardonné, pour jamais je l’oublie.

Dans ces lieux, s’il le faut, partagez mon pouvoir ;