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VARIANTES D’ADÉLAiDk DU GUESCLIX. I« 

licduite à m’expliqucr, je vous dirai, seigneur, Que l’amour de mes rois est gravé dans mon cœur.

A m- : I. A înr.

Me la conserviez- vous pour la tyranniser ?

VENDÔME.

Quoi 1 vous os<’z… Mais non… j’ai tort… je le confi’sse.

De mes emportements ne voyez point l’ivresse ;

Pardonnez un reproche où j’ai pu m’abaisser.

L’amour qui vous parlait doit-il vous offenser ?

Excuse mes fureurs, toi seule en es la cause.

Ce que j’ai fait pour toi sans doute est peu de chose :

Non, tu ne me dois rien ; dans tes fers arrête,

J’attends tout de toi seule, et n’ai rien mérite.

Te servir, t’adorer, est ma grandeur suprême ;

C’est moi qui te dois tout, puisque c’est moi qui t’aim ’.

Tyran que j’idolâtre, à qui je suis soumis.

Ennemi plus cruel que tous mes ennemis.

Au nom de tes attraits, de tes yeux dont la flanmic

Sait calmer, sait troubler, pousse et retient mon âme.

Ne réduis point Vendôme au dernier désespoir ;

Crains d’étendre trop loin l’excès de ton pouvoir.

Tu tiens entre tes mains le destin de ma vie.

Mes sentiments, ma gloire et mon ignominie ;

Toutes les passions sont en moi des fureurs ;

Et tu vois ma vengeance à travers mes douleurs.

Dans mes soumissions, crains- moi, crains ma colère ;

J’ai chéri la vertu, mais c’était pour te plaire

Laisse-la dans mon cœur ; c’est assez qu’à jamais

Ta beauté dangereuse en ait chassé la paix.

ADÉLAÏDE.

Je plains votre tendresse, et je plains davantage Les excès où s’emporte un si noble courage. Votre amour est barbare, il est rempli d’horreurs ; Il ressemble à la haine, il s’exhale en fureurs : Seigneur, il nous rendrait malheureux l’un et l’autre. Abandonnez un cœur si peu fait pour le vôtre, Qui gémit de vous plaire et de vous affliger.

VENDÔME.

Eh bien ! c’en est donc fait ?

ADÉLAÏDE.

Oui, je ne peux changer. Calmez cette colère où votre âme est ouverte, Respectez-vous assez pour dédaigner ma perte. Pour vous, pour votre honneur encor plus que pour moi. Renvoyez-moi plutôt à la cour de mon roi ; Loin de ses ennemis souffrez qu’il me revoie.

V E N D Ô M E.

Me punisse le ciel si je vous y renvoie !

Apprenez que ce roi, l’objet de mon courroux.

Je le hais d’autant plus qu’il est servi par vous.

Un rival insolent à sa cour vous rappelle !

Quel qu’il soit, frémissez, tremblez pour lui, cruelle…