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ACTE III, SCÈNE V. H ?

Vous pourriez espérer de réuuir deux frères, L’un de l’autre écartés dans des partis contraires. Un ohstacle plus {i^rand s’oppose à ce retour.

COL’CY.

Et quel est-il, seigneur ?

NEMOURS.

Ali ! reconnais l’amour ; Reconnais la fureur qui de nous deux s’enqiare, Qui m’a fait téméraire, et qui le rend barbare.

r.oi cv. Ciel ! faut-il voir ainsi, par des caprices vains, Anéantir le fruit des plus nobles desseins ? L’amour su])jn< ; iier tout ? ses cruelles faiblesses Du sang (jui se ri’volte étoull’er les tendresses ? Des frères se haïr, et naître, en tous climats, Des passions des grands le niallienr des États* ? Prince, de vos anioiirs laissons là le mystère. Je vous plains tous les deux ; mais je sers votre frère. Je vais le seconder ; je vais me joindre ; ’i lui Contre un peuple insolent ([ui se fait votre appui. Le plus pressant danger est celui qui m’appelle. Je vois qu’il peut avoir une fin bien cruelle : Je vois les passions plus [)uissantes que moi ; Et l’amour seul ici me fait frémir d’effroi. Mon devoir a parlé ; je vous laisse, et j’y vole, Soyez mon prisonnier, mais sur votre parole ; Elle me suffira.

NEMOURS.

Je vous la donne, coucv.

Et moi Je voudrais de ce pas porter la sienne au roi ; Je voudrais cimenter, dans l’ardeur de lui plaire, Du sang de nos tyrans une union si chère. Mais ces liei’^ ennemis sont bien moins dangereux Que ce fatal amour (fui vous perdra tous deux.

1. On lit dans Horace, liv. I, ép. ii, v. 14 :

QiiiiiquiJ tielirant rogcs plectuntur Acliivi.

FIN DU TROISIEME ACTE.