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^’0 ADÉLAÏDE DU GUESCLIN.

.\E.MOLRS.

11 sauva vos hcaiix jours !

ADÉLAÏDE,

Il sauva votre bien. Dans Cajnhrai, je l’avoue, il daigna me défendre. Au roi que nous servons il promit de me rendre ; Et mon CGMir se plaisait, trompé par mon amour, Puis(iu"il est votre frère, à lui devoir le jour. J’ai répondu, seigneur, à sa flamme funeste Par un refus constant, mais tranquille et modeste, Et mêlé du respect que je devrai toujours A mon libérateur, au frère de Nemours ; Mais mon respect Tenflamme, et mon refus Tirritc. J’anime eu l’évitant l’ardeur de sa poursuite. Tout doit, si je l’en crois, céder à son pouvoir ; Lui plaire est ma grandeur, l’aimer est mon devoir. Qu’il est loin, juste Dieu ! de penser que ma vie, Que mon àme à la vôtre est pour jamais unie. Que vous causez les pleurs dont mes yeux sont chargés. Que mon cœur vous adore, et que vous m’outragez ! Oui, vous êtes tous deux formés pour mon supplice : Lui, par sa passion ; vous, par votre injustice ; Vous, Nemours, vous, ingrat, que je vois aujourd’hui, Moins amoureux, peut-être, et plus cruel que lui.

XEMOURS.

C’en est trop… pardonnez… voyez mon àme en proie A l’amour, aux remords, à l’excès de ma joie. Digne et charmant ol^jet d’amour et de douleur, Ce jour infortuné, ce jour fait mon bonheur. Glorieux, satisfait, dans un sort si contraire, Tout captif que je suis, j’ai pitié de mon frère. Il est le seul à plaindre avec votre courroux ; Et je suis son vainqueur, étant aimé de vous.

SCENE III.

VENDOME, NE.MOURS. ADÉLAÏDE.

VENDÔME.

Connaissez donc enfin jusqu’où va ma. tendresse. Et tout votre pouvoir, et toute ma faiblesse :