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ACTE II. SCÈNE V.

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Tout vous a fait penser (iii’uii raiiii ; si glorieux, Présenté par vos mains, éblouirait mes yeux. Vous vous trompiez : il faut rompre enfin le silence. Je vais vous offenser ; je me fais violence : Mais, réduite à parler, je vous dirai, seigneur, Que l’amour de mes rois est gravé dans mon cœur. De votre sang au mien je vois la différence ; Mais celui dont je sors a coulé pour la France. Ce digne connétable en mon cœur a transmis La haine ([u’un Français doit i\ ses ennemis ; Et sa nièce jamais n’acceptera pour maître L’allié des Anglais, quelque grand qu’il puisse être. Voilà les sentiments que son sang m’a tracés. Et s’ils vous font rougir, c’est vous qui m’y forcez.

VENDÔME.

Je suis, je l’avouerai, surpris de ce langage ;

Je ne m’attendais pas à ce nouvel outrage.

Et n’avais pas prévu que le sort en courroux,

Pour m’accabler d’affronts, dût se servir de vous.

Vous avez fait, madame, une secrète étude

Du mépris, de l’insulte, et de l’ingratitude ;

Et votre co’ur enfin, lent à se déployer.

Hardi par ma faiblesse, a paru tout entier.

Je ne connaissais pas tout ce zèle héroïque,

Tant d’amour pour vos rois, ou tant de politique.

Mais, vous qui m’outragez, me connaissez-vous bien ?

Vous reste-t-il ici de parti que le mien ?

\’ous qui me devez tout, vous qui, sans ma défense,

Auriez de ces Français assouvi la vengeance, (1

De ces mêmes Français, à qui vous vous vantez c

De conserver la foi d’un cœur que vous m’ôtez !

Est-ce donc là le prix de vous avoir servie ?

ADÉLAÏDE.

Oui, vous m’avez sauvée ; oui, je vous dois la vie ; Mais, seigneur, mais, hélas ! n’en puis-je disposer ? Me la conserviez-vous pour la tyranniser ?

VENDÔME.

Je deviendrai tyran, mais moins que vous, cnielfe ; —

Mes yeux lisent trop bien dans votre âme rebelle ; ;

Tous vos prétextes faux m’apprennent vos raisons : ^

Je vois mon déshonneur, je vois vos trahisons.

Quel que soit l’indolent que ce cœur me préfère, "^