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vers mon père. Comme ceux-ci ne pourront pas le faire, vous éprouverez qu’ils sont des hommes ignorants. Or Néron dit à Pierre : Avez-vous entendu, Pierre, ce que Simon a dit ? de là il apparaîtra quelle grande vertu il a, ou lui ou votre Dieu. Pierre répondit à cela : Très-bon empereur, si vous vouliez, vous pouviez le comprendre, parce qu’il est plein du démon. L’empereur Néron dit : Que me faites-vous chercher des détours de paroles ? Le jour de demain vous éprouvera. Simon dit : Vous croyez, bon empereur, que je suis magicien, puisque j’ai été mort, et je suis ressuscité. Car le perfide Simon avait fait par son prestige qu’il avait dit à Néron : Ordonnez que l’on me décolle dans l’obscurité, et que l’on m’y laisse, après m’avoir tué ; et si je ne ressuscite pas le troisième jour, sachez que j’étais un magicien ; mais si je ressuscite, sachez que je suis le fils de Dieu. Et comme Néron avait ordonné que cela se fît dans l’obscurité, il fit, par son art magique, qu’un bélier fut décollé, lequel bélier parut être Simon pendant le temps qu’on le décollait. Ayant été décollé dans l’obscurité, lorsque celui qui l’avait décollé eut examiné et porté sa tête à la lumière, il trouva que c’était une tête de bélier ; mais il n’en voulut rien dire au roi, de peur de se découvrir : car on lui avait ordonné de faire cela en cachette. C’était donc de là que Simon disait qu’il était ressuscité le troisième jour, parce qu’il avait enlevé la tête et les membres du bélier, et le sang y était figé ; et le troisième jour il se montra à Néron, et dit : Faites essuyer mon sang qui a été répandu, parce que voilà que j’avais été décollé, et que je suis ressuscité le troisième jour comme je l’ai promis. Lors donc que Néron eut dit : Le jour de demain vous éprouvera, s’étant tourné vers Paul, il dit : Vous, Paul, pourquoi ne dites-vous rien, ou qui vous a enseigné, ou quel maître avez-vous eu, ou comment avez-vous enseigné dans les villes, ou quels disciples avez-vous formés par votre doctrine ? Car je pense que vous n’avez aucune sagesse, et que vous ne pouvez opérer aucune vertu. À cela Paul répondit : Pensez-vous que je doive parler contre un homme perfide, et un magicien désespéré, un enchanteur qui a destiné son âme à la mort, et à qui le trépas et la perdition arriveront bientôt, qui feint d’être ce qu’il n’est pas, et par l’art magique fait illusion aux hommes pour leur perdition ? Si vous voulez écouter ses paroles, vous perdrez peut-être votre âme et votre empire, car cet homme est très-méchant. Et comme les magiciens d’Égypte, Jannès et Mambrès, qui entraînèrent Pharaon et son armée dans l’erreur jusqu’à ce qu’ils fussent engloutis dans la mer, de même celui-ci