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troupe des saints répondirent disant[1] : « Toute cette gloire est à tous les saints de Dieu. Ainsi soit-il. Louez Dieu. » Et après cela le prophète Habacuc s’écria disant[2] : « Vous êtes sorti pour le salut de votre peuple, pour délivrer vos peuples. » Et tous les saints répondirent disant[3] : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le Seigneur Dieu qui nous a éclairés. C’est ici notre Dieu à jamais et pour le siècle du siècle, il nous régira pour les siècles. Ainsi soit-il. Louez Dieu. Et de même tous les prophètes, rapportant des textes sacrés de ses louanges, suivaient le Seigneur.

XXV. — Or le Seigneur, tenant la main d’Adam, la donna à Michel archange, et tous les saints suivaient Michel archange, et la grâce glorieuse les introduisit dans le paradis ; et deux hommes anciens des jours vinrent au-devant d’eux ; mais étant interrogés par les saints : Qui êtes-vous, qui n’avez pas encore été avec nous dans les enfers, et qui avez été placés corporellement en paradis ? un d’eux, répondant, dit : Je suis Énoch, qui ai été transporté par une parole. Et celui-ci qui est avec moi est Élias thesbite, qui a été enlevé par un char de feu[4]. Ici, et jusqu’à présent, nous n’avons point éprouvé la mort ; mais nous devons revenir pour l’avénement du Christ, armés de signes divins et de prodiges pour combattre avec lui et en être tués dans Jérusalem, et, après trois jours et demi[5], vivants derechef, être enlevés dans les nuées.

XXVI. — Et comme saint Énoch et Élias disaient ces paroles, voici qu’il survient un autre homme très-misérable, portant sur ses épaules le signe de la croix. Et lorsque tous les saints le virent, ils lui dirent : Qui êtes-vous ? parce que vous avez l’air d’un larron, et pourquoi portez-vous une croix sur vos épaules ? Et leur répondant, il dit : Vous avez dit vrai que j’ai été un larron, faisant tous les maux sur la terre. Et les Juifs me crucifièrent avec Jésus ; et je vis les merveilles des créatures qui furent faites par la croix du Seigneur Jésus crucifié ; et je crus qu’il est le Créateur de toutes les créatures, et le roi tout-puissant ; et je le priai, disant : Souvenez-vous de moi, Seigneur, lorsque vous serez venu dans votre royaume. Aussitôt, ayant égard à ma prière, il me dit[6] : En vérité, je vous dis vous serez aujourd’hui avec moi en paradis. Et il me donna ce signe de croix, disant : Portez-le, et marchez dans le paradis ; et si l’ange[7] gardien du paradis ne vous

  1. Ps. cxlix, v. 9. (Note de Voltaire.)
  2. Habacuc, iii, V. 13. (Id.)
  3. Matth., xxiii, v. 39. (Id.)
  4. IV, Reg., ii, v. 11. (Id.)
  5. Apocal., xi, v. 11. (Note de Voltaire.)
  6. Luc, xxiii, v. 43. (Id.)
  7. Genes., iii, v. 24. (Id.)