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XVIII. — Seigneur Jésus et Dieu père, résurrection et vie des morts, permettez-nous de dire vos mystères que nous avons vu après la mort de votre croix, parce qu’on nous a conjurés par vous. Car vous avez défendu à vos serviteurs de rapporter les secrets de votre divine majesté, que vous avez faits dans le enfers. Or, comme nous étions placés avec nos pères dans le profond de l’enfer, dans l’obscurité des ténèbres, tout à coup une couleur d’or du soleil et une lumière rougeâtre nous a éclairés, et aussitôt Adam le père de tout le genre humain avec tous les patriarches et prophètes ont tressailli, disant : Cette lumière est l’auteur de la lumière éternelle, qui nous a promis de nous transmettre une lumière coéternelle. Et le prophète Jésaïas s’est écrié, et a dit : C’est la lumière du Père et du fils de Dieu, comme j’ai prédit lorsque j’étais vivant sur la terre[1], la terre de Zabulon et la terre de Nephtalim au delà du Jourdain ; le peuple qui marche dans les ténèbres a vu une grande lumière : et la lumière est levée à ceux qui habitent dans la région de l’ombre de la mort. Et maintenant elle est arrivée et a brillé pour nous, qui étions assis dans la mort. Et comme nous tressaillions tous de joie dans la lumière qui a brillé sur nous, il nous est survenu notre père Siméon, et en tressaillant de joie il a dit à tous : Glorifiez le Seigneur Jésus-Christ fils de Dieu, que j’ai reçu enfant dans mes mains dans le temple, et poussé par le Saint-Esprit je lui ai dit et confessé : Parce que maintenant mes yeux ont vu votre salut, que vous avez préparé devant la face de tous les peuples ; la lumière pour la révélation des nations et la gloire de votre peuple d’Israël. Tous les saints qui étaient au profond de l’enfer, entendant ces choses, se réjouirent davantage. Et ensuite il survint comme un ermite[2], et tous lui demandent : Qui êtes-vous ? Et leur répondant, il dit : Je suis la voix de celui qui crie dans le désert, Jehan-Baptiste, prophète du Très-Haut, présent devant la face de son avénement pour préparer ses voies, pour donner la science du salut à son peuple, pour la rémission de leurs péchés. Et moi Jehan, voyant Jésus venir à moi, j’ai été poussé par le Saint-Esprit, et j’ai dit : Voilà l’agneau de Dieu, voilà celui qui ôte les péchés du monde. Et je l’ai baptisé dans le fleuve du Jourdain, et j’ai vu le Saint-Esprit descendant sur lui en espèce de colombe. Et j’ai entendu une voix du ciel disant : Celui-ci est mon fils bien-aimé, dans lequel je me suis bien complu ; écoutez-

  1. Isaïe, ix, v. 1. (Note de Voltaire.)
  2. Matth., iii, v. 3. (Id.)