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vous qui êtes du nombre des condamnés dans ce jugement ? Pour nous, c’est avec raison et justice que nous avons reçu la récompense de nos actions ; mais ce Jésus, quel mal a-t-il fait ? Et après cela il dit à Jésus en soupirant : Seigneur, souvenez-vous de moi lorsque vous serez venu dans votre royaume. Mais Jésus répondit, et lui dit : En vérité, je vous dis que vous serez aujourd’hui avec moi en paradis.

XI. — Or il était près de la sixième heure, et les ténèbres couvrirent toute la terre jusqu’à la neuvième heure. Mais, le soleil s’obscurcissant, voilà que le voile du temple se fendit depuis le haut jusqu’en bas, et les pierres se fendirent, et les monuments furent ouverts, et plusieurs corps des saints qui sont morts ressuscitèrent. Et environ la neuvième heure, Jésus s’écria à haute voix, disant : Eli ! Eli ! lamma sabacthani ; ce qu’on a interprété : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous délaissé ? Et après cela, Jésus dit : Mon père, je recommande mon esprit en vos mains. Et disant cela il rendit l’esprit. Mais le centurion voyant que Jésus, en criant ainsi, avait rendu l’esprit, glorifia Dieu et dit : Véritablement cet homme était juste. Et tous ceux du peuple qui étaient présents furent grandement troublés à ce spectacle ; et considérant ce qui s’était passé, ils frappèrent leurs poitrines, et alors ils revenaient à la ville de Jérusalem. Le centurion, venant vers le gouverneur, lui rapporta tout ce qui s’était passé. Et lorsque le gouverneur eut appris tout ce qui s’était passé, il fut très-chagrin ; et faisant assembler tous les Juifs à la fois, il leur dit : Avez-vous vu les signes qui ont paru au soleil, et tous les autres prodiges qui sont arrivés tandis que Jésus mourait ? Ce que les Juifs ayant entendu, ils répondirent au gouverneur : L’éclipse est arrivée selon la vieille coutume. Or, tous ceux de sa connaissance se tenaient de loin, de même que les femmes qui avaient suivi Jésus de la Galilée, en regardant ces choses. Et voici un certain homme d’Arimathie, nommé Joseph[1], lequel Joseph était aussi disciple, en cachette cependant, à cause de la crainte des Juifs ; il vint au gouverneur, et pria le gouverneur qu’il lui permît qu’il enlevât le corps de Jésus de la croix. Et le gouverneur le permit. Or Nicodème vint, apportant avec soi un mélange de myrrhe et d’aloès, d’environ cent livres ; et ils descendirent, en pleurant, Jésus de la croix, et l’enveloppèrent dans des linges avec des aromates, comme les Juifs ont coutume d’ensevelir, et ils le mirent dans un monument neuf que Joseph avait con-

  1. Jean, xix, v. 38. (Note de Voltaire.)