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titude qui dit qu’il est né de la fornication, et qu’il est magicien ; mais ceux qui nient qu’il soit né de la fornication sont des prosélytes et ses disciples. Pilate dit à Annas et Caïphas : Quels sont les prosélytes ? Ils disent : Ils sont fils de païens, et maintenant ils sont devenus Juifs. Éliézer et Astérius, et Antoine, et Jacques, Caras[1] et Samuel, Isaac et Phinées, Crippus et Agrippa, Annas et Judas, disent : Nous ne sommes point prosélytes, mais nous sommes fils de Juifs, et nous disons la vérité, et nous avons assisté au mariage de Marie. Or Pilate, portant la parole aux douze hommes qui dirent cela, leur dit : Je vous conjure par le salut de César, s’il n’est pas né de la fornication, ou si ce que vous avez dit est véritable. Ils disent à Pilate : Nous avons pour loi de ne point jurer, parce que cela est péché ; qu’ils jurent, eux, par le salut de César, que ce n’est pas comme nous avons dit, et nous sommes coupables de mort. Annas et Caïphas disent à Pilate : Ces douze ne nous croiront pas parce que nous savons qu’il est né du crime, et qu’il est magicien ; et il dit qu’il est fils de Dieu et roi, ce que nous ne croyons pas, et que nous craignons d’entendre. Pilate faisant donc sortir tout le peuple, excepté les douze hommes qui ont dit qu’il n’est pas né de la fornication, et ayant aussi fait retirer Jésus à l’écart, il leur dit : Pour quelle raison les Juifs veulent-ils faire mourir Jésus ? Ils lui disent : Leur zèle vient de ce qu’il guérit le jour du sabbat. Pilate dit : C’est pour une bonne œuvre qu’ils veulent le faire mourir ? Ils lui disent : Oui, seigneur.

III. — Pilate alors, rempli de colère, sortit du prétoire, et dit aux Juifs : Je prends la terre à témoin que je ne trouve aucune faute en cet homme. Les Juifs disent à Pilate : S’il n’était pas un malfaiteur, nous ne vous l’eussions pas livré. Pilate leur dit : Prenez-le, vous, et le jugez selon votre loi. Les Juifs disent à Pilate : Il ne nous est permis de faire mourir personne. Pilate dit aux Juifs : Elle vous dit donc[2] : Ne tuez point ; mais non pas à moi ? Et il entra une seconde fois dans le prétoire, et il fit venir Jésus seul, et lui dit : Êtes-vous le roi des Juifs ? et Jésus, répondant, dit à Pilate : Dites-vous cela de vous-même, ou d’autres vous l’ont-ils dit de moi ? Pilate, répondant, dit à Jésus : Est-ce que je suis Juif, moi ? la nation et les princes des prêtres vous ont livré à moi. Qu’avez-vous fait ? Jésus, répondant, dit : Mon royaume n’est pas de ce monde ; si mon royaume était de ce monde, mes ministres résisteraient, et je n’aurais pas été livré aux Juifs ; mais

  1. Cyrus. (Note de Voltaire.)
  2. Exod., xx, v. 13. (Id.)