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là chasser les démons par l’esprit immonde, mais par la vertu de Dieu[1]. Et les Juifs disent à Pilate : Nous prions Votre Grandeur que vous le fassiez paraître devant votre tribunal, et entendez-le. Or Pilate, appelant un coureur, lui dit : Par quel moyen amènera-t-on le Christ ? Mais le coureur sortant, et le connaissant, il l’adora, et étendit par terre un manteau qu’il portait à sa main, disant : Seigneur, marchez là-dessus, entrez, parce que le gouverneur vous demande. Mais les Juifs, voyant ce que fit le coureur, s’en plaignirent à Pilate, disant : Pourquoi ne l’avez-vous pas fait assigner par un huissier plutôt que par un coureur ? Car le coureur, le voyant, l’a adoré, et a étendu par terre le manteau qu’il tenait à la main, et lui a dit : Seigneur, le gouverneur vous demande. Pilate, appelant le coureur, lui dit : Pourquoi avez-vous fait cela ? Le coureur lui dit : Lorsque vous m’envoyâtes de Jérusalem à Alexandrie[2], je vis Jésus monté sur une humble ânesse, et les enfants des Hébreux criaient Hosanna, tenant des rameaux dans leurs mains ; mais d’autres étendaient leurs habits dans le chemin, disant : Sauvez-nous, vous qui êtes dans les cieux ; béni celui qui vient au nom du Seigneur ! Les Juifs crièrent donc contre le coureur, disant : À la vérité les enfants des Hébreux criaient en hébreu ; mais vous, qui êtes Grec, comment entendez-vous la langue hébraïque ? Le coureur leur dit : J’ai interrogé quelqu’un des Juifs, et lui ai dit : Qu’est-ce que ces enfants crient en hébreu ? Et il me l’a expliqué, disant : Ils crient Hosanna, ce qui veut dire : ô Seigneur, rendez saint, ou bien, Seigneur, sauvez. Pilate leur dit : Mais vous, pourquoi attestez-vous les paroles que les enfants ont dites ? En quoi le coureur a-t-il péché ? Et eux se turent. Le gouverneur dit au coureur : Sortez, et de quelque manière que ce soit, faites-le entrer. Mais le coureur, sortant, fit comme la première fois, et lui dit : Seigneur, entrez, parce que le gouverneur vous demande. Jésus entra donc vers les porte-enseignes qui tenaient leurs étendards, et leurs têtes se courbèrent, et ils adorèrent Jésus ; ce qui fit crier davantage les Juifs contre les porte-enseignes. Or Pilate dit aux Juifs : Vous n’approuvez pas que les têtes des étendards se sont courbées d’elles-mêmes, et ont adoré Jésus ; mais comment criez-vous contre les porte-enseignes parce qu’ils se sont baissés et l’ont adoré ? Eux dirent à Pilate : Nous avons vu que les porte-enseignes

  1. Matth., xii, v. 28 ; Luc, xi, v. 20. (Note de Voltaire.)
  2. Act.,, iv, v. 6. (Id.) — Cette citation, prise dans Fabricius, n’est pas exacte. Il fallait citer : Matth. xxi, 9 ; Marc, xi, 9 ; Jean, xii, 13. (B.)