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42 CONSEILS RAISONNABLES

Voyez, monsieur, à quoi vous nous exposez par vos raison- nements, qu'on peut si aisément faire valoir contre nos saintes vérités.

XII.

Jésus, dites-vous S « nous a assuré lui-même de sa propre iiouclie quil était né d'une vierge par l'opération du Saint-Esprit ». Hélas ! monsieur, où avez-vous pris cette étrange anecdote? Jamais Jésus n'a dit cela dans aucun de nos quatre Évangiles; jamais il n"a même rien dit qui en approche. Est-il possible que vous ayez préparé un tel triomphe à nos ennemis ? Est-il permis de citer à faux Jésus-Christ? Avez-vous pu lui attribuer de votre propre main ce que sa propre bouche n"a point prononcé ? Avez-vous pu imaginer qu'on serait assez ignorant pour vous en croire sur votre propre méprise ? Et cela seul ne répand-il pas une dangereuse fai- blesse sur votre propre livre ?

XIII.

Nous vous faisons, monsieur, des représentations sans suite, comme vous écrivez ; mais elles tendent toutes au même but. Vous dites que c'est une témérité condamnable, dans M. Fréret, d'avoir soutenu que le Symbole des apôtres n'avait point été fait par les apôtres. Rien cependant n'est plus vrai que cette assertion du savant Fréret. Ce symbole, qui est sans doute un résumé de la croyance des apôtres, fut rédigé en articles distincts vers la fin du iv« siècle. En effet, si les apôtres avaient composé cette for- mule pour servir de règle aux fidèles, les Actes des apôtres au- raient-ils passé sous silence un fait si important ? Avouons que le faussaire qui attribue à saint Augustin l'histoire du symbole des apôtres dans son sermon quarante est bien répréhensible. Il fait parler ainsi saint Augustin : Pierre dit : « Je crois en Dieu père tout puissant ; » André dit: « Et en Jésus-Christ son fils ; » Jacques ajouta : « Qui a été conçu du Saint-Esprit, etc. » Dans le sermon cent quinze tout cet ordre est renversé. Malheureusement le premier auteur de ce conte est saint Ambroise, dans son trente- huitième sermon. Tout ce que nous pouvons faire, c'est d'avouer que saint Ambroise et saint Augustin, étant hommes et sujets à Terreur, se sont trompés sur la foi d'une tradition populaire.

1. Page 23. {Note de Voltaire.)

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