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viteur s’en va en paix, selon votre parole : car mes yeux ont vu votre miséricorde, que vous avez préparée pour le salut de toutes les nations, la lumière de tous les peuples, et la gloire de votre peuple d’Israël. Anne la prophétesse était aussi là, et, s’approchant, elle rendait grâce à Dieu, et vantait le bonheur de la dame Marie.

VII. — Et il arriva, lorsque le Seigneur Jésus fut né à Bethléem, ville de Judée, au temps du roi Hérode, voici, des mages vinrent de l’Orient à Jérusalem, comme l’avait prédit Zorodastcht (Zoroastre) ; et ils avaient avec eux des présents, de l’or, de l’encens, et de la myrrhe ; et ils l’adorèrent, et lui offrirent leurs présents. Alors la dame Marie prit une des bandelettes dont l’enfant était enveloppé, et la leur donna au lieu de bénédiction ; et ils la reçurent d’elle comme un très-beau présent. Et à la même heure il leur apparut un ange en forme de l’étoile qui les avait auparavant conduits dans leur chemin, et dont ils suivirent la lumière en s’en allant, jusqu’à ce qu’ils fussent retournés dans leur patrie.

VIII. — Or il y avait des rois, et leurs princes, qui leur demandaient ce qu’ils avaient vu, ou ce qu’ils avaient fait ; comment ils étaient allés et revenus ; enfin quels compagnons de voyage ils avaient eus. Mais eux leur montrèrent cette bandelette que la divine Marie leur avait donnée : c’est pourquoi ils célébrèrent une fête, et, selon leur coutume, ils allumèrent du feu et l’adorèrent, et y jetèrent cette bandelette ; et le feu la saisit et l’environna. Et le feu étant éteint, ils en retirèrent la bandelette entière, comme si le feu ne l’eût pas touchée. C’est pourquoi ils commencèrent à la baiser, à la mettre sur leurs têtes et sur leurs yeux, disant : C’est certainement ici la vérité indubitable ! Sans doute que c’est une grande chose, que le feu n’a pu la brûler ou la perdre. Ensuite ils la prirent et la mirent dans leurs trésors avec vénération.

IX. — Mais Hérode, voyant que les mages tardaient et ne revenaient pas vers lui, fit venir les prêtres et les sages[1], et leur dit : Enseignez-moi où le Christ doit naître ; et lorsqu’ils eurent répondu : À Bethléem, ville de Judée, il commença à rouler dans son esprit le massacre du Seigneur Jésus-Christ. Alors l’ange du Seigneur apparut à Joseph en songe, et lui dit : Levez-vous, prenez l’enfant et sa mère, et allez en Égypte, vers le chant du coq. C’est pourquoi il se leva, et partit.

X. — Et comme il pensait en lui-même quel devait être son

  1. Matth., ii, v. 4 (Note de Voltaire.)