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avait plu et que la pluie avait cessé, Jésus, avec d’autres enfants hébreux, jouait au bord d’un ruisseau ; et les eaux courantes se rassemblaient dans des fossés. Alors les eaux devinrent incontinent pures et efficaces. Cependant il ne les frappa que de la parole, et elles lui obéissaient entièrement ; et ayant pris sur leur rive de la terre molle, il en forma des petits moineaux au nombre de douze. Or, il y avait avec lui des enfants qui jouaient ; et un certain Juif, ayant vu ce que Jésus avait fait avec de la terre un jour de sabbat, s’en alla sur-le-champ, et l’annonça à son père Joseph, disant : Voici que votre fils, en jouant près d’un ruisseau, a pris de la terre, en a formé douze moineaux, et il profane le sabbat. Joseph donc venant sur le lieu et le voyant, il le gronda en ces termes : Pourquoi faites-vous ces choses un jour de sabbat, puisqu’il n’est pas permis ? Mais Jésus, ayant frappé des mains, cria aux moineaux, et leur dit : Allez, volez, et souvenez-vous de moi étant vivants. Alors les petits moineaux s’envolèrent, et sortirent en criant ; et les Juifs, le voyant, l’admirèrent beaucoup ; et, s’en allant, ils racontèrent aux principaux d’entre eux le miracle que Jésus avait fait en leur présence.

III. — Or le fils d’Annas le scribe était là avec Joseph ; et ayant pris un rameau de saule, il fit écouler les eaux que Jésus avait assemblées. L’enfant Jésus le lui ayant vu faire, il en fut fâché, et lui dit : Sot que vous êtes, quel mal vous ont fait ces fossés, pour que vous répandiez les eaux ? Voilà sur l’heure que vous séchiez aussi vous-même comme un arbre, et que vous ne portiez ni feuilles, ni rameaux, ni fruits[1] ; et tout à coup il devint tout sec ; mais Jésus se retira, et s’en alla dans sa maison. Au reste, les parents de celui qui avait séché, l’ayant pris, l’emportèrent en pleurant sa jeunesse, et le conduisirent à Joseph, qu’ils accusaient : Pourquoi avez-vous un enfant de cette façon, qui opère de telles choses ? Ensuite Jésus, étant prié par toute l’assemblée, le guérit ; il lui laissa cependant un petit membre[2] sans mouvement et sans force, pour qu’ils y fissent attention.

IV. — Une autre fois, Jésus passait par le village, et un enfant, en courant se jeta avec violence sur son épaule ; de quoi Jésus, étant irrité, lui dit : Vous ne finirez pas votre chemin ; et aussitôt l’enfant tomba et mourut ; mais quelques-uns, voyant cela, dirent : D’où est né cet enfant, que chacune de ses paroles a un si prompt effet ? Et les parents du mort, s’approchant de Joseph,

  1. Marc, xi, v. 14. (Note de Voltaire.)
  2. Une main. Luc, vi, v. 8. (Id.)