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de vous présenter. J"ai vu dernièrement un livre intitulé Erreurs de V..., chez un de mes amis. Il est question, me dit-il, dans ce livre, d’une anecdote qui regarde un pays que vous connaissez ; je la cherchai et je lu-, page 393, tome I, que l’auteur de ce livre prétend avoir cherché à vérifier les propos tenus par les citoyens de Livron aux troupes qui les assiégeaient, le roi étant au camp sous cette place, cités par vous, monsieur, dans un Essai sur l’histoire universelle, et qu’il n’a trouvé nulle part cette anecdote. Il rapporte une réponse faite par Montbrun au roi lui-même, lorsqu’il fut sommé de rendre la place; et il se félicite, page 439 du tome II, d’en avoir nommé le commandant.

Connaissant la frivolité des assertions de cet auteur, je ne fus pas curieux de lire son ouvrage: je vis par hasard, en le rendant, qu’à la page 424 du tome II, où il est question du droit de confesser des séculiers ^ l’auteur demande si on pourrait lui citer quelque abbesse qui ait confessé ses religieuses, et il avoue qu’il ne connaît que la folle institutrice de la congrégation de l’enfance.

On peut juger, par l’exposé de cet auteur, qu’il manque de bonne foi, ou qu’il ne connaît pas l’histoire de sa nation et celle de l’Église; qu’il a lu de mauvais livres, et qu’il ne lit pas les bons.

S’il avait cherché à vérifier l’anecdote citée au sujet du siège de Livron, il eût consulté les auteurs contemporains : 1° M. de Thou, livre LVIII et suivants; 1° l’Inventaire général de l’histoire de France, de de Serres; 3° l’auteur du Recueil des choses mémorables arrivées en France depuis ioil ; et ensuite il eut dû voir Mézerai,

S’il avait lu ces auteurs, il eût appris que le massacre de la Saint-Barthélémy et les tentatives faites par la reine mère pour surprendre et enlever la Rochelle aux protestants augmentèrent leur méfiance, et les obligèrent à prendre les armes; que Montbrun, leur chef en Dauphiné, s’empara de Livron, et qu’il y mit une garnison de quatre cents hommes, sous le commandement de Roësses.

Que François de Bourbon, dauphin d’Auvergne, vint assiéger Livron, et ouvrit la tranchée le 23 juin 1574 ; que la brèche étant praticable, il fit donner un assaut ; qu’il fut repoussé, et obligé de se retirer.

1. Voyez la note, tome XXIV, page 483.

2. On copie fidèlement le manuscrit avec les fautes d’orthographe. (Note de Voltaire.)

3. Voyez tome XXIV, page 501.