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400 L'A, B, C.

mes Talets, ma femme même, croient en Dieu ; et je m'imagine que j'en serai moins volé et moins cocu.

C. ^ ous vous moquez du monde. J"ai connu vingt dévotes qui ont donné à leurs maris des héritiers étrangers.

A.

Et moi, j'en ai connu une que la crainte de Dieu a retenue, et cela me suffit. Quoi donc ! à votre avis, vos vingt dévergondées auraient-elles été plus fidèles en étant athées? En un mot, toutes les nations policées ont admis des dieux récompenseurs et punis- seurs, et je suis citoyen du monde.

B.

C'est fort bien fait; mais ne vaudrait-il pas mieux que l'intel- ligence formatrice n'eût rien à punir? Et d'ailleurs, quand, com- ment punira-t-elle?

A.

Je n'en sais rien par moi-même ; mais, encore une fois, il ne faut point ébranler une opinion si utile au genre humain. Je vous abandonne tout le reste. Je vous abandonnerai même mon monde éternel si vous le voulez absolument, quoique je tienne bien fort à ce système. Que nous importe, après tout, que ce monde soit éternel, ou qu'il soit d'avant-hier? Vivons-y douce- ment, adorons Dieu, soyons justes et bienfaisants : voilà l'essen- tiel, voilà la conclusion de toute dispute. Que les barbares into- lérants soient l'exécration du genre humain, et que chacun pense comme il voudra!

C.

Amen. x\llons boire, nous réjouir, et bénir le grand Être.

��FIN DE l'a, b, c.

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