Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/194

Cette page n’a pas encore été corrigée

186 CHAPITRE XXXVI.

Les nègres blancs que j'ai vus, ces petits hommes qui ont des yeux de perdrix, et la soie la plus fine et la plus blanche sur la ii tête, et qui ne ressemblent aux nègres que par leur nez épaté et | par la rondeur de la conjonctive, ne me paraissent pas plus des- i| cendre d'une race noire dégénérée que d'une race de perroquets. f\ L'auteur de VHistoire naturelle les croit d'une race noire, parce . ij qu'ils sont blancs, et qu'ils habitent tous à peu près la même (! latitude, au Darien, au sud du Zaïr, et à Ceilan. Et moi, c'est parce (; qu'ils habitent la même latitude que je les crois tous d'une race îj particulière ^. «^l

Est-il bien vrai que, dans quelques îles des Philippines et des Mariannes, il y ait quelques familles qui ont des queues, comme on peint les satyres et les faunes? Des missionnaires jésuites l'ont assuré : plusieurs voyageurs n'en doutent pas; Maillet dit qu'il en a vu. Des domestiques nègres de feu M. de La Bourdonnaie, le vainqueur de Madras, et la victime de ses services-, m'ont juré qu'ils en avaient vu plusieurs. Il ne serait pas plus étrange que le croupion se fût allongé et relevé dans quelques races d'hommes qu'il ne l'est de voir des familles qui ont six doigts aux mains. Mais qu'il y ait eu quelques hommes à queue ou non, cela est fort peu important, et il faut ranger ces queues dans la classe des monstruosités \

Y a-t-il eu en effet des espèces de satyres, c'est-à-dire des filles ont-elles pu être enceintes de la façon des singes, et enfanter des animaux métis, comme les juments font des mulets et des jumars ? Toute l'antiquité atteste ces faits singuliers. Plusieurs saints ont vu des satyres. Ce n'est pas un article de foi. La chose est très- possible, mais elle a dû être rare. Il est vrai que les singes aiment fort les filles ; mais nos filles ont de l'horreur pour eux, elles les craignent ; elles les fuient. Cependant on ne peut douter de plu- sieurs unions monstrueuses arrivées quelquefois dans les pays chauds. La peine prononcée, dans les lois juives, contre de tels accouplements, est une preuve incontestable de leur réalité, et il est fort probable ([u'il est né des animaux de ces mélanges ignorés dans nos villes, mais dont on voit des exemples dans les campagnes.

1. Voyez tome XI, page 5; XII, 367-G8; XVI, ill; XXIII, 189.

2. Voyez tome XV, page 330.

3. On a beaucoup parlé de ces hommes à queue ou iSiaras-^'iams, mais on n'en a guère vu. (D.)

�� �