Il me faudrait bien du temps pour vous expliquer tous nos dogmes.
C’est déjà une grande présomption contre vous. Il vous faut de gros livres ; et à moi, il ne faut que quatre mots : Sers Dieu, sois juste.
Jamais notre religion n’a dit le contraire.
Je voudrais ne point trouver dans vos livres des idées contraires. Ces paroles cruelles : « Contrains-les d’entrer[1], » dont on abuse avec tant de barbarie ; et celles-ci : « Je suis venu apporter le glaive et non la paix[2] ; » et celles-là encore : « Que celui qui n’écoute pas l’Église soit regardé comme un païen, ou comme un receveur des deniers publics[3] ; » et cent maximes pareilles, effrayent le sens commun et l’humanité.
Y a-t-il rien de plus dur et de plus odieux que cet autre discours[4] : « Je leur parle en paraboles, afin qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en écoutant ils n’entendent point » ? Est-ce ainsi que s’expliquent la sagesse et la bonté éternelle ?
Le Dieu de tout l’univers, qui se fait homme pour éclairer et pour favoriser tous les hommes, a-t-il pu dire[5] : « Je n’ai été envoyé qu’au troupeau d’Israël, » c’est-à-dire à un petit pays de trente lieues tout au plus ?
Est-il possible que ce Dieu, à qui l’on fait payer la capitation, ait dit que ses disciples ne devaient rien payer ; que les rois[6] « ne reçoivent des impôts que des étrangers, et que les enfants en sont exempts » ?
Ces discours, qui scandalisent, sont expliqués par des passages tout différents.
Juste ciel ? qu’est-ce qu’un Dieu qui a besoin de commentaire, et à qui l’on fait dire perpétuellement le pour et le contre ? Qu’est-ce qu’un législateur qui n’a rien écrit ? Qu’est-ce que quatre livres