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SUR LES JUIFS. 51»

LETTRE IX.

SUR LES JUIFS.

De tous ceux qui ont attaqué la religion chrétienne dans leurs écrits, les Juifs seraient peut-être les plus à craindre ; et si on ne leur opposait pas les miracles de notre Seigneur Jésus-Christ, il serait fort difiicile à un savant médiocre de leur tenir tête. Ils se regardent comme les fils aînés de la maison, qui, en perdant leur héritage, ont conservé leurs titres. Ils ont employé une saga- cité profonde à expliquer toutes les prophéties à leur avantage. Ils prétendent que la loi de Moïse leur a été donnée pour être éternelle; quil est impossible que Dieu ait changé, et qu'il se soit parjuré; que notre Sauveur lui-même en est convenu, lis nous objectent que, selon Jésus-Christ, aucun point, aucun iota de la loi ne doit être transgressé^; que Jésus était venu pour accomplir la loi, et non pour l'abolir "^ qu'il en a observé tous les comman- dements; qu'il a été circoncis; qu'il a gardé le sabbat, solennisé toutes les fêtes; qu'il est né Juif, qu'il a vécu Juif, qu'il est mort Juif; qu'il n'a jamais institué une religion nouvelle; que nous n'avons pas une seule ligne de lui: que c'est nous, et non pas lui, qui avons fait la religion chrétienne.

Il ne faut pas qu'un chrétien hasarde de disputer contre un Juif, à moins qu'il ne sache la langue hébraïque comme sa langue maternelle: ce qui seul peut le mettre en état d'entendre les pro- phéties, et de répondre aux rabbins. Voici comme s'exprime Joseph Scaliger dans ses Excerpta: « Les Juifs sont subtils; que Justin a écrit misérablement contre Tryphon! et Tertullien plus mal encore! Qui veut réfuter les Juifs doit connaître à fond le judaïsme. Quelle honte! Les chrétiens écrivent contre les chré- tiens, et n'osent écrire contre les Juifs M »

Le Toldos Jeschut est le plus ancien écrit juif qui nous ait été transmis contre notre religion. C'est une Vie de Jésus-Christ toute contraire à nos saints Évangiles; elle paraît être du i" siècle, et même écrite avant les Évangiles, car l'auteur ne parle pas d'eux, et probablement il aurait tâché de les réfuter s'il les avait connus.

1. Matth., V, 18.

2. MaUh., V, 17.

3. Ce qu'on vient de lire est la traduction d'un passage du Scaligerana (secunda), qui commence ainsi : « iudsii hodie cura disputant suut subtiles, etc. »

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