Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome26.djvu/350

Cette page n’a pas encore été corrigée

340 HOMÉLIE SUR L'INTERPRÉTATION

emploie l'allégorie du serpent, qui était très-commune dans tout l'Orient. Il passait pour subtil, parce qu'il se dérobe avec vitesse à ceux qui le poursuivent, et qu'il s'élance avec adresse sur ceux qui l'attaquent. Son changement de peau était le symbole de l'immortalité. Les Égyptiens portaient un serpent d'argent dans leurs processions. Les Phéniciens, voisins des déserts des Hébreux, avaient depuis longtemps la fable allégorique d'un serpent qui avait l'ait la guerre à l'homme et à Dieu. Enfin, le serpent qui tenta Eve a été reconnu pour le diable, qui veut toujours nous tenter et nous perdre.

Il est vrai que la doctrine du diable tombé du ciel, et devenu l'ennemi du genre humain, ne fut connue des Juifs que dans la suite des siècles; mais le divin auteur, qui savait bien que cette doctrine serait un jour répandue, daignait en jeter la se- mence dans les premiers chapitres de la Genèse.

Nous ne connaissons, à la vérité, l'histoire de la chute des mauvais anges que par ce peu de mots de VÉpUre de saint Jude ^ : (( Des étoiles errantes, à qui l'obscurité des ténèbres est réseiTée éternellement, desquelles Enoch, septième homme après Adam, a prophétisé. » O^n a cru que ces étoiles errantes étaient les anges transformés en démons malfaisants, et on supplée aux prophé- ties d'Enoch, septième homme après Adam, lesquelles nous n'avons plus. Mais dans quelque labyrinthe que se perdent les savants pour expliquer ces choses incompréhensibles, il en résulte toujours que nous devons entendre dans un sens édifiant tout ce qui peut être entendu à la lettre.

- Les anciens brachmanes avaient, comme nous l'avons dit ^ -cette théologie plusieurs siècles avant que la nation j uive existât. Les anciens Persans avaient donné des noms au diable longtemps avant les Juifs. Et vous savez que, dans le Pentateugue, on ne trouve le nom d'aucun bon ou mauvais ange. On ne connut ni Gabriel, ni Raphaël, ni Satan, ni Asmodée, dans les livres juifs, que très- longtemps après, et lorsque ce petit peuple eut appris ces noms dans son esclavage à Babylone. Tout.cela prouve au moins que la doctrine des êtres célestes et des êtres infernaux a été commune à de grandes nations. Vous la retrouverez dans le livre de Job, précieux monument de l'antiquité. Job est un personage arabe ;

1. Verset 14.

2. Cet alinéa et le suivant ne sont pas dans la première édition. Ils ont été ajoutés dans l'impression qui fait partie du tome VI des Nouveaux Mélanges, n08, in-S».

3. Examen Important, chap. vi, ci-dessus, page 210.

�� �