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QUI EST L’AUTEUR DU PENTATEUQUE ?


alors les ennemis des Babyloniens. C’est pour faire sa cour au grand roi maître d’Hershalaïm Kedusha, nommé par nous Jérusalem[1], que Jérémie, et ensuite Esdras, inspirent tant d’horreur aux Juifs pour les Égyptiens. Ils se gardent bien de rien dire contre les peuples de l’Euphrate. Ce sont des esclaves qui ménagent leurs maîtres. Ils avouent bien que la horde juive a presque toujours été asservie ; mais ils respectent ceux qu’ils servaient alors.

Que d’autres Juifs aient écrit les faits et gestes de leurs roitelets, c’est ce qui m’importe aussi peu que l’histoire des chevaliers de la Table ronde et des douze pairs de Charlemagne ; et je regarde comme la plus futile de toutes les recherches celle de savoir le nom de l’auteur d’un livre ridicule.

Qui a écrit le premier l’histoire de Jupiter, de Neptune, et de Pluton ? Je n’en sais rien, et je ne me soucie pas de le savoir.

Il y a une très-ancienne Vie de Moïse écrite en hébreu[2], mais qui n’a point été insérée dans le canon judaïque. On en ignore l’auteur, ainsi qu’on ignore les auteurs des autres livres juifs ; elle est écrite dans ce style des Mille et une Nuits, qui est celui de toute l’antiquité asiatique. En voici quelques échantillons.

L’an 130 après la transmigration des Juifs en Égypte, soixante ans après la mort de Joseph, le pharaon, pendant son sommeil, vit en songe un vieillard qui tenait en ses mains une balance. Dans l’un des bassins étaient tous les Égyptiens avec leurs enfants et leurs femmes ; dans l’autre, un seul enfant à la mamelle, qui pesait plus que toute l’Égypte entière. Le roi fit aussitôt appeler tous ses magiciens, qui furent tous saisis d’étonnement et de crainte. Un des conseillers du roi devina qu’il y aurait un enfant hébreu qui serait la ruine de l’Égypte. Il conseilla au roi de faire tuer tous les petits garçons de la nation juive.

L’aventure de Moïse sauvé des eaux est à peu près la même que dans l’Exode. On appela d’abord Moïse Schabar, et sa mère Jéchotiel. À l’âge de trois ans. Moïse, jouant avec Pharaon, prit sa couronne et s’en couvrit la tête. Le roi voulut le faire tuer, mais l’ange Gabriel descendit du ciel, et pria le roi de n’en rien

  1. Hershalaïm était le nom de Jérusalem, et Kedusha était son nom secret. Toutes les villes avaient un nom mystérieux que l’on cachait soigneusement aux ennemis, de peur qu’ils ne mêlassent ce nom dans des enchantements, et par là ne se rendissent les maîtres de la ville. À tout prendre, les Juifs n’étaient peut-être pas plus superstitieux que leurs voisins ; ils furent seulement plus cruels, plus usuriers, et plus ignorants. (Note de Voltaire, 1771.)
  2. Cette vie de Moïse a été imprimée à Hambourg, en hébreu et en latin. (Id., 1767.)