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ment à un colporteur de ce temps-là, ou au portier d’une maison.

Je ne parlerai point des calomnies odieuses et méprisées que ce La Beaumelle a vomies contre la maison d’Orléans dans plus d’un ouvrage. Il en a été puni, et il ne faut pas renouveler ces horreurs ensevelies dans un oubli éternel.

Mais comment peut-il être assez ignorant des usages du monde, et en même temps assez téméraire, pour dire que « la duchesse de Berry avoua qu’elle était mariée à M. le comte de Riom, et que sur-le-champ M. de Mouchy demanda la charge de grand maître de la garde-robe de ce gentilhomme » ? M. de Riom avoir un grand maître de la garde-robe ! quelle pitié ! le premier prince du sang n’en a point : cette charge n’est connue que chez le roi. Enfin tout cet ouvrage n’est qu’un tissu d’impostures ridicules, dont aucune n’a la plus légère vraisemblance. C’est un livre d’un petit huguenot élevé pour être prédicant, qui n’a jamais rien vu ; qui a parlé comme s’il avait tout vu ; qui a écrit dans un style aussi audacieux qu’impertinent pour avoir du pain ; qui n’en méritait pas, et qui n’aurait été digne que de la corde, s’il ne l’avait pas été des petites-maisons.

Il se peut que quelques provinciaux, qui n’avaient aucune connaissance des affaires publiques, aient été trompés quelque temps par les faussetés que ce misérable calomniateur débite avec tant d’assurance. Mais son livre a été regardé à Paris avec autant d’horreur que de dédain. Il est au rang de ces productions mercenaires qu’on tâche de rendre satiriques pour les débiter, ne pouvant les rendre raisonnables, et qui sont enfin oubliées pour jamais.

FIN DES HONNÊTETÉS LITTÉRAIRES.