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Cela s’explique ainsi en grec[1] avec bien plus d’énergie et de précision qu’en anglais, etc. :


Λέγουσιν αἱ γυναῖϰες
Ἀναϰρέων γέρων εἶ

(Anacr.)

Ce grand homme qui dirige la plume savante du proposant ; celui, dit-on, qui protège l’innocence opprimée contre huit juges bons catholiques, avec le secours et l’approbation de tous les mauvais catholiques, etc.[2]

Saint Paul, aussi bien que l’Évangile, affirme expressément que « chacun sera jugé dans la vie future par la loi qu’il connaît[3], selon le poids et la mesure de ses talents, et non par la loi qu’il ne connaît pas… »

Anguillard, sobriquet très-plaisant inventé par le proposant pour exprimer un observateur microscopique des polypes, anguilles, et autres animalcules aquatiques. Mais est-elle aussi, également une bonne plaisanterie ou une bévue quand, pour turlupiner un Grégoire Thaumaturge, au lieu de dire que son bâton, planté en terre, s’était changé en arbrisseau, on avance que, selon la légende, le saint lui-même s’est métamorphosé en arbre[4] ? …

    gion contre vos anguilles. Il ne cherche point l’esprit, il se contente d’avoir raison, et il vous cède le mérite de l’éloquence et des grâces. (Note de Voltaire.)

  1. Les vers grecs que Needham cite signifient que le père de M. Covelle, qui a travaillé avec monsieur son fils aux lettres précédentes, est un vieillard de quatre-vingt-deux ans qui radote. Fi ! monsieur Needham, qu’il est vilain de reprocher à un pauvre homme son âge. (Id.)
  2. Comment, petit misérable, vous faites entendre qu’il n’y a que de mauvais catholiques qui aient justifié Jean Calas, rétabli sa mémoire, et déclaré sa famille innocente ! Je vous ferai donner le fouet en place publique.

    (Cette note est d’un maître des requêtes qui, en passant par la ville de Genève, lut ce rogaton chez Mlle Noblet, et écrivit ces mots en marge.) (Id.)

  3. Oui, mais hors de l’Église, point de salut. Hem ! et tous les enfants morts sans baptême damnés, selon saint Augustin, dans sa lettre ccxv. Hem ! (Id.)
  4. Mon pauvre anguillard, vous êtes un ignorant, vous falsifiez toujours la sainte Écriture et l’Histoire ecclésiastique. Lisez Grégoire de Nysse, lisez ses propres paroles traduites par Fleury, liv. VI. Voici ce que vous y verrez :

    « Les persécuteurs suivirent Grégoire en grand nombre, et ayant appris le lieu où il s’était caché, les uns gardaient le passage de la vallée, les autres cherchaient par toute la montagne. Grégoire dit à son diacre de se mettre en prières avec lui, et d’avoir confiance en Dieu. Il commença lui-même à prier, se tenant debout, les mains étendues, et regardant le ciel fixement. Les païens, ayant couru par toute la montagne, et visité toutes les roches et toutes les cavernes, revinrent dans le vallon, et dirent qu’ils n’avaient rien trouvé que deux arbres assez proches l’un de l’autre. Quand ils se furent retirés, celui qui leur avait servi de guide y alla, et trouva l’évêque et son diacre immobiles en oraison, au même lieu où les autres disaient avoir vu ces arbres. »

    Vous voyez bien que ce n’est pas le bâton de Grégoire qui a été changé en arbre, que c’est Grégoire lui-même avec son diacre.

    Vous seriez bien plus enchanté, si vous saviez que Grégoire le Thaumaturge écrivit un jour au diable, à qui la lettre fut exactement rendue. Lisez l’Histoire ecclésiastique, vous dis-je, pour vous qualifier dans votre métier. (Note de M. le professeur Croquet.) (Id.)