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soi-disant philosophes avaient tant fait par leurs objections que d’écraser parfaitement la religion, et de la réduire dans l’esprit de tout homme sensé à l’état de la fable de Mahomet…[1] Au lieu donc de nous persécuter avec leurs doutes minutieux, et de s’accrocher aux mots et aux syllabes, en épluchant la Bible, ils nous mépriseraient trop pour se donner tant de peine…[2]. La religion se soutient toujours malgré la tempête. « Merses profundo[3], pulchrior evenit. Per damna, per cædes, ab ipso ducit opes animumque ferro…[4]. » Celui qui lui répond (au proposant), par ce court imprimé, est qualifié par ses recherches, pour s’inscrire en faux contre la prétendue invincibilité de ses objections…[5]. Je ne puis pardonner à sa simplicité ni à celle de cette assemblée (où l’esprit, dont il nous donne un échantillon si beau, voltigeait librement aux dépens de nos pauvres croyants), qu’ils ignoraient tous que Jonas n’allait pas alors par mer à Ninive, mais qu’au contraire il s’était embarqué exprès dans un port de mer pour s’enfuir, et s’éloigner de plus en plus de cette ville méditerranée…[6]. Et quoique nous semblions toucher de près à ce temps malheureux…[7]. Dieu vous préserve, mes chers lecteurs, vous et votre postérité, de la bête féroce du Gévaudan…[8]. Les incrédules sont nommés communément esprits forts[9]. Ces messieurs prennent tout pour argent

    drature du cercle, non plus qu’à ceux qui changent de la farine en anguilles. (Note de M. Euler.) (Note de Voltaire.)

  1. Que veut dire ce barbouilleur ? traite-t-il de fable l’histoire de Mahomet ? Prétend-il que le Koran soit un recueil d’historiettes ? Le Koran est, à la vérité, un amas de sentences morales, de préceptes, d’exhortations, de prières, de traits de l’Ancien Testament rapportés selon la tradition arabe. Le tout est composé sans ordre, sans liaison ; il y règne beaucoup de fanatisme ; il est plein d’erreurs physiques ; mais ce n’est point ce que nous appelons une fable, (Note de M. Beaudinet.) (Id.)
  2. Non, jésuite Needham, je ne me fâcherai pas contre un bonze du Japon qui ne me persécutera pas. Je me fâcherai contre un bonze d’Europe qui voudra me susciter des persécutions, et je mépriserai un jésuite d’Irlande. (Note de M. Boudry.) (Id.)
  3. Voici le texte d’Horace, livre IV, ode v, vers 59, 60, 65:

    Per damna, per cædes ab ipso
    Duxit opesque animumque ferro.
    · · · · · · · · · · · · · · ·
    Merses profundo, pulchrior evenit.

  4. Courage, Needham ! prouve la religion par Horace. (Note de Voltaire.)
  5. Tu es plaisamment qualifié. (Id.)
  6. Le propre des gens qui ont tort est de ne pas entendre raillerie. (Note de M. Claparède.) (Id.)
  7. Ainsi donc le jésuite Needham croit que le monde va finir ; il est fini en effet pour les jésuites. (Note de M. Covelle.) (Id.)
  8. Tu n’es pas au fait, mon ami; notre professeur Clap avait prêché sur la bête du Gévaudan, et c’est de quoi monsieur le proposant l’avait remercié dans sa seconde lettre. Tu prends toujours martre pour renard. (Note de M. Deluc le père.) (Id.)
  9. Et des esprits faibles, et des esprits faux, et des esprits lourds, qu’en dirons-nous ? (Note de monsieur le capitaine.) (Id.)