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ET M. DE FONCEMAGNE. 323

Secondement, elle n'est point annoncée dans le commencement de la Narration; elle ne l'est que dans une lettre au roi, qui pré- cède cette Narration, et jamais on n'a vu l'original de cette lettre, laquelle n'étant nullement sujette à révision, comme la Narration succincte, devrait avoir été signée sans aucune difficulté.

S'il nous paraît indubitable que ce manifeste du cardinal de Richelieu auprès du roi son maître, sous le nom de Narration succincte, a été vu et corrigé de la main du premier ministre, nous croyons qu'il n'en est pas de même du Testament politique. Nous pensons que l'auteur, soit l'abbé de Bourzeis, soit quelque autre, a voulu lier ces deux ouvrages ensemble, et faire passer ses propres idées, non-seulement sous un nom illustre, mais à la faveur d'une pièce avouée en quelque façon par le cardinal lui-même. Nous sommes portés à penser que l'abbé de Bourzeis n'avait aucune part à la Narration. Le style du Testament politique semble être entièrement conforme à celui du dernier paragraphe\njouté après coup à cette Narration succincte.

Nous sommes entièrement de l'avis de M. de Voltaire, quand il dit que si le Testament jwlitique avait été vu du cardinal de Richelieu il y aurait certainement fait des notes, comme il en fit à la Narration.

Ce Testament, en effet, mérite beaucoup plus de notes qu'aucun autre ouvrage de ce genre, et il ne nous paraît nullement vrai- semblable qu'un homme aussi instruit et aussi éclairé que le car- dinal n'eût pas indiqué en marge une seule des erreurs dont le Testament politique est rempli.

Nous avouons que cette réflexion de M. de Voltaire est d'an très-grand poids.

Il convient de faire ici un relevé des erreurs, des faussetés, des incompatibilités, des superfluités, dont M. de Voltaire s'est contenté de faire remarquer une partie, et qui n'auraient certai- nement pas échappé aux yeux d'un ministre tel que le cardinal.

1° Page 10/f, le Testament politique dit que « le désordre des personnes qui autorisait les laïques à posséder des bénéfices est absolument banni ».

Il est certain que cet abus n'a été absolument banni que sous Louis XIV. M. de Voltaire ajustement remarqué que le cardinal lui-même avait donné cinq abbayes ^ au comte de Soissons tué à la bataille de la Marfée, onze au duc de Guise, l'évêché de Metz au duc de Verneuil, l'abbaye de Saint-Denis au prince de Conti,

1. Voyez tome XXIII, page 449.

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