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DU CARDINAL DE RICHELIEU. 303

pas de moi, et que je n"ai reconnu ni Tancrède ni Olijmpic dans les éditions des libraires de cette ville.

Je me justifie auprès devons, monsieur, moins par vanité que par mon amour pour la vérité, qui assurément est égal au votre : amour qui ne doit jamais s'affaiblir, qui ne doit céder à aucune complaisance, contre lequel l'envie et la calomnie s'élèvent trop souvent, mais qu'elles sont forcées de respecter en secret.

J'avoue que vous avez très-grande raison quand vous relevez la faute que j'avais faite de prendre un Léopold d'Autriche pour un autre Léopold d'Autriche, dans VEssal sur les Mœurs, etc. Que Dieu vous conserve les yeux, dont la privation presque entière me fait faire bien des fautes ! 11 m'a j usqu'ici conservé un peu de mémoire; elle m'a servi depuis longtemps à corriger cette bévue, et si vous aviez pris la peine de lire mes Remarques sur VHistoire générale S imprimées en 1763, vous auriez vu ces paroles à la page 85 : u Je me suis trompé sur un duc d'Autriche qui enchaîna et vendit Richard II, roi d'Angleterre: ce n'est pas ce duc qui fit la guerre aux Suisses. Il y a quelques erreurs pareilles dont les lecteurs sa- vants s'aperçoivent, et dont les autres doivent être informés. »

Ainsi, monsieur, étant d'accord avec moi sur une de mes erreurs, que vous relevez près de deux ans après moi, soyons aussi d'accord ensemble sur les fautes innombrables de MM. Dageant et Bourzeis. Il y a une petite différence entre eux et moi : c'est qu'on loue le cardinal de Richelieu d'un ouvrage qu'ont fait ces messieurs, et qu'on m'impute à moi tous les jours des ouvrages dont on ne loue personne. Jamais on ne parla à Louis XIII du Testament politique attribué au cardinal de Richelieu, et on parle quelquefois à Louis XV et à sa cour d'écrits qu'on m'attribue , et auxquels je n'ai pas la moindre part'. Ce malheur est le partage des gens de lettres : on les calomnie pendant leur vie, 'on leur rend quelquefois justice après leur mort. Je vous prie, monsieur, de me la rendre de mon vivant; cette justice est surtout d'être bien persuadé de mes sentiments respectueux pour vous, et de ma très-sincère estime.

Si quid novisti rectius istis, Candidus imperti ; si non, his utere mecum,

(HoR.. lib. I, ep. VI, v. 67.)

1. Voyez la note 2, tome XXIV, page 58G, où l'on explique pourquoi on ne re- produit plus le paragraphe où se trouve le passage que cite ici Voltaire.

2. Allusion au Dictionnaire pliilosophique portatif qui venait de paraître, et qu'on avait dénoncé au roi comme étant de Voltaire.

25. - Mélanges. IV. 20

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